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« Je suis en bas, eux sont au faîte.
L’époux de la Galigaï,
Il entre, ce ruffian haï,
Chez moi son chapeau sur la tête !

« Léonora dans son filet
Tient la reine comme une anguille,
Et ce Concini qui me pille
Me traite comme son valet !

« Dame et marquise, cette mie !
Connétable, ce compagnon !
Et moi, je couche au Louvre ! Non,
C’est trop de honte et d’infamie !

« — Souviens-toi, m’a dit le feu roi,
Dont l’ombre hier m’est apparue,
Souviens-toi, mon fils, de la rue
De la Ferronnerie ! — Et moi,

« Pauvre enfant, quand la tombe s’ouvre,
Pour me dicter sa volonté,
Dans ce lit tout ensanglanté,
Comme un lâche, je couche au Louvre !

« Cet homme et sa Léonora
M’entourent de leur sortilège,
Et je pleure ! Quand régnerai-je ?
Qui donc enfin me vengera ? »


VI


Luynes, fauconnier exemplaire
Qu’on ne prend jamais en défaut,
A mis en cage son gerfaut.
Sans humeur comme sans colère,

Silencieux, calme et pensif,
Il écoute gémir son prince,
Et taille un morceau de bois mince
Avec la lame d’un canif.

A quoi songe-t-il à cette heure,
Ce dresseur d’oiseaux comtadin ?
Quel rêve l’attire soudain ?
Quel mirage inouï, quel leurre ?