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HENRI.

Voyez vous-même. (Il lui rend la lettre.) Ces irrésolus sont capables de tout.

DIANE.

Ciel! (Lisant.) « Mon cher amour... »

HENRI.

Impertinent !

DIANE.

Pourquoi donc?... (Elle continue.) « Oubliez tout ce qu’Henri vous a pu dire... »

HENRI, à part.

C’est commode.

DIANE.

« ... Il est trop vrai que ce matin le respect filial, la peur d’exaspérer un digne homme que je vénère autant que je l’aime, m’avaient poussé aux dernières limites du désespoir. Je renonçais à vous, au bonheur, à la vie; mais Henri m’a traité de lâche... »

HENRI, à part.

Oui, j’ai bien travaillé.

DIANE, continuant.

«... Et cette injure m’a jeté hors des gonds. A peine m’avait-il quitté que j’ai couru me précipiter aux genoux de mon père. Il est bon, chère Diane; il est clément et généreux. Il consent à bénir notre union... » — C’est un vrai gentilhomme. — « Il nous pardonne de nous être aimés sans son aveu. »

HENRI, à part.

L’aimable jeune fille que monsieur mon cousin!

DIANE.

«... Attendez-moi, j’accours, j’ai besoin de tomber à vos pieds et de vous répéter pour la millième fois que je vous aime. »

HENRI.

Y serons-nous pour lui?

DIANE.

Vous n’êtes pas hospitalier pour les gens de votre famille.

HENRI.

Je suis avant tout de la vôtre, désormais.

DIANE.

Il ne vous manque plus que de vous impatroniser chez moi! N’est-ce donc pas assez, monsieur, d’avoir calomnié votre ami, votre parent, devant celle qu’il aime?

HENRI.

J’ai calomnié, moi?