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que sert de vous parler davantage, etc., » on ne peut mieux dit et mieux pensé. « Trop longtemps la France..., etc. » Parfait. Et comme tout cela est juste, vrai !

Accélérez l’exécution du projet d’école, et croyez, monsieur le comte, que je suis bien tout à vous.


LE COMTE DE X... A L’ABBÉ LEROUX, AU PALAIS ÉPISCOPAL.

Une rechute de monseigneur! Ah! mon Dieu! que me dites-vous là, mon cher abbé? J’espère tout au moins que cela n’a point eu de suites? Comme je partage vos inquiétudes, comme je comprends que vous ne soyez peu disposé à causer avec maître Ledoyen ! Cependant, permettez-moi de vous le dire, c’est pousser un peu loin l’oubli des choses de ce monde, et les offres absolument exceptionnelles que mon notaire vous a faites ne sont pas de celles que l’on doit négliger. Parlons sans détour; aussi bien n’ai-je pas le temps de parler autrement.

Je ne vous apprends rien de nouveau en vous disant que j’ai fort grande envie des Herbiers, n’est-ce pas? Or cette grande envie, qui se traduit pour vous par un nombre considérable de billets de banque, pourrait fort bien n’être pas éternelle, et le temps que vous demandez pour réfléchir me paraît être bien dangereux pour vous. J’admets et je respecte tous les souvenirs de famille qui vous rattachent à cette masure; mais l’amour que vous ressentez pour elle est en vérité bien platonique, car je ne sache pas qu’en dix années vous ayez mis deux fois le pied sur votre patrimoine. En bonne conscience, puis-je m’imaginer que l’abbé Leroux, que je connais, que l’abbé Leroux, confident et ami de monseigneur, aspirant et avec raison aux plus hautes dignités ecclésiastiques qui semblent faites pour lui, viendra terminer ses jours dans la baraque des Herbiers?

J’ai peur vraiment que les préoccupations qui m’assiègent en ce moment ne donnent à ma franchise une sorte de brusquerie qui ne m’est pas familière. Acceptez-en d’avance mes excuses.

Je vous offre d’acheter immédiatement les Herbiers moyennant une somme de trente mille francs payable à la signature de l’acte. Je vous délivre en outre des inquiétudes que peut vous causer l’avenir de la famille Claude, fort pieuse assurément, mais on ne peut moins laborieuse, j’ai la douleur de vous l’apprendre.

Voyons, mon cher abbé, j’agis franchement et... largement, vous ne sauriez le nier. Je suis pressé, dites-vous. — Eh! croyez-vous que, si je ne l’étais pas, je vous ferais de semblables propositions?