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idée de ce que sera le tout. Ils sont imprimés avec luxe, suivant l’usage français, à l’imprimerie impériale, et contiennent beaucoup de papier blanc. Quelques-uns ont une étendue considérable, d’autres au contraire sont courts et sommaires. Ils débutent tous par le rapport du président, qu’accompagnent ensuite des pièces justificatives, comme les rapports des commissions départementales et des sous-commissions d’arrondissement, les procès-verbaux résumés des enquêtes orales, des états et quelquefois des extraits des communications écrites. Le questionnaire général comprenait 161 questions; c’est évidemment beaucoup trop. Une trentaine aurait suffi. Autant qu’on peut en juger par ce que nous connaissons, les réponses aux questions principales présentent peu de différences. Deux ou trois seulement ont donné lieu à l’émission d’opinions contradictoires; sur tout le reste, on est d’accord, et une foule de répétitions simplifient heureusement la besogne. Nous avons d’ailleurs dès à présent sur l’ensemble de l’opération un rapport de M. Monny de Mornay, directeur de l’agriculture au ministère de l’agriculture et du commerce, commissaire-général de l’enquête; ce rapport forme à lui seul un volume in-4o de 350 pages. Les résultats de l’enquête y sont résumés au point de vue de l’administration, et classés sous dix titres ou chapitres différens.


I.

Les questions posées sur l’état de la propriété avaient un caractère plus statistique que pratique. Elles étaient d’ailleurs conçues en termes trop vagues pour susciter des réponses précises. Faute d’avoir défini ce qu’il fallait entendre par les mots de grande, moyenne et petite propriété, on n’a obtenu que des renseignemens incomplets et incohérens. Peu importe au fond, car il s’agit moins de savoir comment le sol national se divise entre ces trois catégories de propriétés que ce qu’il faut penser de la situation intrinsèque de chacune d’elles. Un fait capital ressort de tous les témoignages, c’est que la valeur de la propriété rurale a généralement baissé depuis vingt ans; il y a sans doute des exceptions brillantes, mais telle est la règle. Le commissaire-général de l’enquête reconnaît le fait, du moins en ce qui concerne la grande et surtout la moyenne propriété. « Cette moins-value, dit-il, varie suivant les départemens; mais on l’exagérerait, si l’on prenait pour point de comparaison les prix de 1846 ou 1847, car on convient généralement qu’à cette époque ils étaient devenus excessifs par suite de l’abondance du capital, qui n’avait alors qu’un nombre restreint d’emplois mobiliers. » L’aveu est à constater, quelle que soit la valeur de l’expli-