Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voisins pour la longueur de ses chemins de fer proportionnellement à son étendue. L’Angleterre et la Belgique, entre autres, ont une telle avance sur nous qu’il paraît impossible de les atteindre; on doit du moins s’en rapprocher le plus possible. Dans la dernière session, le corps législatif a voté de nouvelles lignes; mais il s’en faut bien que tous les besoins soient satisfaits. Les chemins votés ou concédés ne sont pas d’ailleurs près d’être exécutés, et il faudra les attendre longtemps.

Naturellement les déposans ont demandé que les tarifs soient réduits pour le transport des denrées agricoles, des engrais et autres matières nécessaires à l’agriculture, comme la chaux. Il appartient au gouvernement de concilier l’intérêt légitime des compagnies avec l’intérêt général. Les chemins de fer ont déjà beaucoup fait pour le bon marché des transports, ils peuvent faire plus encore. On a soulevé une question délicate, celle des tarifs différentiels. Cette question ne peut être tranchée par un principe absolu. Les tarifs différentiels peuvent être quelquefois justifiés; mais autant que possible il faut les éviter. Le gouvernement doit exercer à cet égard une surveillance constante. On ne peut laisser aux compagnies le pouvoir arbitraire de bouleverser à leur gré tous les débouchés et de porter la perturbation dans les industries. L’intérêt privé, toujours alerte, peut en tirer parti pour ruiner des concurrences et constituer des monopoles. Une contrée qui paie la houille, la chaux, les matières premières, moins cher qu’une autre a un immense avantage. On le voit bien par les parties de la France qui n’ont pas encore de chemins de fer; tout développement industriel et même agricole y est difficile et souvent impossible à cause du prix des transports. L’idéal à réaliser est dans l’uniformité des tarifs conciliée avec l’abaissement progressif.

« On peut affirmer, assure le commissaire-général, qu’une grande majorité s’est prononcée dans le sens des idées libérales et des principes économiques que le gouvernement s’efforce depuis plusieurs années de faire prévaloir. Loin de répudier les modifications apportées dans ces derniers temps à notre législation douanière, l’agriculture a déclaré par la voix du plus grand nombre de ses représentans les plus autorisés et les plus compétens qu’elle acceptait ces modifications comme d’incontestables progrès, et qu’il fallait persévérer dans une voie qui ne pouvait conduire qu’à une amélioration réelle dans la situation agricole et commerciale du pays et au développement de la prospérité publique. » Les choses ne sont pas tout à fait aussi avancées que le dit ici M. Monny de Mornay. On s’est à peu près partagé dans l’enquête; c’est déjà beaucoup. Tous les pays intéressés à l’exportation, comme les départemens