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sa majesté considérerait toujours les services personnels rendus au pape comme s’ils avaient été rendus à elle-même ; le médecin Porta n’a qu’à faire connaître ce qu’il désire, et son traitement lui sera payé comme au temps où le pape était à Rome ; qu’en conséquence il lui est alloué un traitement de 12,000 francs depuis le moment où il a quitté Rome, lequel traitement lui sera continué tant qu’il demeurera avec le pape ; ajoutez que vous allez lui envoyer une ordonnance de paiement, et qu’il vous fasse connaître depuis quand il a cessé d’être payé[1]. »

D’après le témoignage du préfet de Montenotte, il ne semble pas qu’il y ait rien eu de trop exagéré dans cette munificence intéressée de l’empereur.


« Le médecin du pape, le docteur Porta, nous sert à merveille, poursuit M. de Chabrol dans sa lettre du 10 mai que nous continuons de citer à peu près intégralement. Il a une confiance infinie dans le commandant du palais, qui est un homme de mérite. J’ai abouché ce dernier avec la députation, qui en a été satisfaite[2]. Tout va d’un accord parfait, et de manière à donner à la raison et à la bonne cause toute sa force et toute son énergie. Les communications officielles peuvent ainsi être aidées des insinuations convenables. C’est par ces heureuses dispositions que nous avons su hier matin que le pape ne repoussait pas les ouvertures qui lui étaient faites, qu’il y pensait sérieusement, mais qu’il élevait la difficulté de ne pouvoir céder honorablement sans jouir préalablement de sa liberté, et sans avoir un conseil assez fort dans l’opinion pour qu’on le crût capable d’avoir vaincu sa résistance, et assez influent pour justifier son adhésion. Pie VII ne voudrait pas avoir uniquement le cardinal Spina pour son conseil, afin de ne pas l’exposer à porter seul la responsabilité dans le cas où sa détermination définitive ne rencontrerait pas l’assentiment général. Nous avons fait cette communication à MM. les évêques, et nous avons délibéré que nous emploierions toutes les mesures convenables pour persuader au pape l’inutilité d’obtenir un conseil pour se décider. Quelle influence plus respectable peut-il reconnaître que celle des trois évêques envoyés avec l’autorisation du souverain par toute l’église, qui attend en gémissant la fin de ces querelles, de trois évêques ayant la confiance générale, qui ont déjà souffert pour l’église, et appuyé ses droits dans, les temps les plus difficiles et les plus orageux ? Ces considérations ont été soumises au pape…[3]. »

  1. Lettre de l’empereur au comte Bigot de Préameneu, Wezel, 1er novembre 1811. — Correspondance de l’empereur Napoléon Ier, t. XXII, p. 542.
  2. Le commandant de gendarmerie La Gorse, qui fut chargé en 1812 de conduire et de garder le pape à Fontainebleau, et dont nous aurons à citer plus tard des lettres curieuses.
  3. Lettre de M. de Chabrol au ministre des cultes, 12 mai 1811.