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d’opium de Smyrne, de Patna, du Bengale et de l’Égypte, une caisse de 40 compartimens préparée pour la Chine, une vue des ateliers où l’on prépare la pâte d’opium à Patna dans l’Inde et de celui où on le roule en boule, enfin la flotte chargée d’opium descendant le Gange jusqu’à Calcutta.

Peu de plantes jouent dans le monde un rôle pareil à celui d’une espèce de malvacée dont les grains se recouvrent de poils peu de semaines avant d’arriver à complète maturité : des grèves, des guerres, des famines, sont la conséquence immédiate de la disparition momentanée de cette plante dans une seule des contrées où la culture en est dominante ; elle donne le pain à des milliers d’agriculteurs, d’ouvriers et de marins. Nous voulons parler du coton[1]. Le nom ironique de cotton lord appliqué à tous les riches fabricans de l’Angleterre montre que la filature de ces poils végétaux est la source de la plupart des grandes fortunes industrielles de ce pays. Aussi une grande armoire vitrée a-t-elle été consacrée aux produits de cette graine. Le coton est cultivé dans l’Afrique moyenne, l’Égypte, l’Asie-Mineure, la Perse, l’Inde, la Chine méridionale, les îles du Japon, les Moluques, la partie orientale de l’Australie appelée Queen’s land, les États-Unis du sud, le Mexique, le Brésil oriental et le Pérou. Les échantillons des diverses variétés remplissent 40 bocaux, et à la suite se déroulent les tissus de coton du monde entier, ceux trouvés dans les tombes péruviennes, les hamacs de Bornéo, les toiles colorées de Sikkim, celles en couleur nankin naturelle de Malte, les fils de coton filés à la main dans l’Inde, les tourteaux de graines de coton pour l’agriculture fabriqués à Marseille et à Londres, l’huile qu’on en extrait en Égypte. On comprend l’intérêt de pareils musées pour le botaniste, l’agriculteur et le commerçant ; ils jouent le rôle d’une exposition universelle permanente : c’est un livre toujours ouvert pour ceux qui s’occupent, soit de la culture, soit des applications industrielles d’un végétal.

Un troisième édifice est consacré à une collection de bois. C’est une ancienne orangerie où l’on a réuni tous les bois de construction d’ébénisterie exotiques et des troncs d’arbres remarquables dont un grand nombre proviennent de l’exposition de 1862. Citons seulement le végétal extraordinaire découvert en 1859 dans les possessions portugaises de l’Afrique occidentale par te docteur Welwitsch. Un tableau représente le désert nu et aride, hérissé de rochers, au pied desquels le Wetwitschia mirabilis croît seul, isolé, sur un sable brûlant où nulle autre plante ne saurait subsister.

  1. Avant la guerre civile de l’Union américaine, les états du sud importaient annuellement en Europe 716 millions de kilogrammes de coton.