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agricoles ou horticoles et aux arbres fruitiers de l’Irlande ; ces écoles renferment non-seulement des groupes représentant tous les végétaux qui sont cultivés dans l’île, mais encore ceux qui pourraient l’être avec avantage. Le jardin, disposé en parc anglais, est planté d’arbres indigènes ou exotiques d’une très belle venue. Comme dans les allées de celui d’Edimbourg, le botaniste est surpris de voir en pleine terre des végétaux propres aux contrées méridionales ; mais la douceur des hivers, exceptionnelle pour cette latitude, explique parfaitement ce phénomène.

Les serres sont disposées sur une seule ligne ; la première, de forme octogonale et chauffée seulement pendant les froids de l’hiver, abrite les conifères, les fougères et les palmiers de l’Australie ou d’autres pays tempérés ; puis vient l’aquarium, contenu dans un édifice rectangulaire contigu au premier. La grande serre à châssis courbes se compose de deux ailes et d’un grand pavillon central de 13 mètres de haut où s’élèvent les palmiers. Dans les ailes, on retrouve un grand nombre de végétaux que nous avons mentionnés en parlant des serres de Kew, quelques-uns même y sont plus beaux. La température, ni trop chaude ni trop froide, le ciel généralement couvert, l’air toujours humide de l’Irlande, sont singulièrement favorables à la végétation de certaines plantes, telles que celles de la Nouvelle-Zélande. Nulle part je n’ai vu de plus belles fleurs persistant plus longtemps sur leurs tiges. A la fin de septembre, lorsque je visitai ces serres, elles étaient remplies de plantes en pleine floraison comme le sont les nôtres au printemps. Près de la grande serre, on en observe encore cinq petites fort basses contenant des orchidées, des fougères tropicales, des lycopodes et des sélaginelles. L’une de ces bâches est adossée au mur d’une serre chaude et recouverte d’un double vitrage. Contre le mur chauffé, on a construit un second mur intérieur avec des morceaux de tourbe taillés en forme de parallélipipèdes. Sur ce mur végétal, l’habile jardinier qui dirige cette culture, M. Léman, sème toutes les espèces de fougères qui ne sont pas tropicales, et, grâce à un air constamment humide, ces fougères y croissent et se multiplient d’une manière incroyable, germant partout, se répandant partout et couvrant le mur tourbeux et les banquettes d’un tapis de fougères délicates présentant tous les degrés de développement depuis les premiers degrés de la germination jusqu’à la fructification la plus avancée. Dans une autre serre, j’admirai un Nepenthes que je n’avais point remarqué à Kew[1] ; un autre tapissait tout le vitrage, et ses nombreux godets en forme d’urnes suspendues au-dessus de ma tête produisaient le plus singulier effet. On voit que, sous la

  1. Nepenthes sanguinea.