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direction de M. David Moore et grâce à la protection du parlement et au concours de la Société royale de Dublin, le jardin des plantes de Glasnevin rivalise avec celui d’Edimbourg. Cet établissement donne un démenti formel à ceux qui accusent sans cesse le gouvernement anglais de traiter l’Irlande en pays conquis et de la négliger au profit de l’Angleterre. Le jour, et il est prochain, où les privilèges de l’église épiscopale seront abolis, l’Irlande catholique n’aura plus de grief sérieux à articuler contre l’Angleterre protestante ; mais, pour égaler sa prospérité, le peuple irlandais devra s’efforcer d’acquérir les qualités solides de ses voisins, et comme l’Angleterre l’Irlande sera le pays le plus libre, le plus calme, le plus industrieux et le plus riche de l’Europe.

Si le parallèle du jardin de Kew avec celui de Paris n’était pas à l’avantage de ce dernier, il en sera de même quand nous comparerons les jardins de la province dans les deux pays. En France, l’état n’entretient que deux jardins en dehors de celui de la capitale, ceux de Strasbourg et de Montpellier. Heureusement les municipalités éclairées de plusieurs villes, comme Nancy, Rennes, Angers, Lyon, Toulouse, Grenoble, Metz, Caen, Dijon, Clermont, ne croient pas faire un mauvais emploi des fonds dont elles disposent en en consacrant une faible partie à entretenir des établissemens qui servent à la fois à l’agrément et à l’instruction du public. D’autres villes ont rétrogradé dans cette voie : Avignon possédait autrefois un jardin très précieux avec un musée d’histoire naturelle créé par Requien. Il y a quelques années, l’un et l’autre ont dû faire place à l’avenue Bonaparte. Le jardin n’a pas été remplacé, et les collections n’existent plus. Bordeaux possède également une école botanique dirigée par le savant M. Durieu de Maisonneuve : on la dit menacée ; espérons qu’elle trouvera des défenseurs dans le sein du conseil municipal d’une ville opulente où l’amour de la science doit être traditionnel comme celui des arts.

Parmi toutes les villes de France, l’ancienne capitale de la Lorraine est celle qui a le mieux mérité de l’histoire naturelle. Après avoir dépensé 830,000 francs pour les bâtimens de ses facultés nouvellement créées, la municipalité de Nancy alloua 60,000 francs pour les collections, une somme annuelle de 1,000 francs pour les augmenter et 5,000 francs pour le jardin, sans compter les crédits supplémentaires. Enfin le conseil municipal vient de faire un emprunt de 50,000 francs pour la construction d’une serre qui couvrira 550 mètres carrés. La ville de Toulouse se contente d’entretenir son jardin des plantes, pour lequel elle vote annuellement une somme de 5,930 francs.

Le jardin de Strasbourg, fort petit et situé au milieu de la ville, ne saurait être considéré comme un établissement botanique. Il en