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l’organisation de l’église, et que le nouvel évêque ne serait que son vicaire-général. Le conseil d’état ne fit pas d’objection, ne voulant pas montrer d’humeur pour une simple affaire de titres. Ce succès encouragea la cour de Rome, et quelque temps après M. Marilley, dans une seconde lettre au conseil d’état, annonça qu’il voulait se décharger d’un fardeau trop lourd pour ses épaules, et qu’à cet effet, dégageant sa responsabilité personnelle, il déléguait de pleins pouvoirs sur l’église de Genève au nouvel évêque d’Hébron. Le conseil d’état vit le piège, et refusa son consentement en termes très nets. Il déclara qu’il ne voulait rien innover, que les paroisses du canton étaient assujetties à perpétuité par le bref du pape et l’acquiescement du pouvoir civil à l’évêque de Lausanne, et que l’abbé Mermillod ne pouvait être reconnu que comme le vicaire-général de ce prélat. M. Marilley se débattit tant qu’il put, ne sachant que répondre, gêné par des ordres supérieurs qu’il n’avait point inspirés, qu’il avait probablement combattus, et forcé de plaider une cause qu’il devait trouver mauvaise. Il tâcha d’alléguer les rapports directs qui s’étaient établis entre la cour de Rome et l’évêque d’Hébron ; mais ces rapports ne regardaient en rien le gouvernement de Genève, qui, à la fin de cette longue correspondance, commencée en décembre 1864 et continuée jusqu’en novembre 1865, fit cette déclaration formelle : « le conseil d’état est censé et doit ignorer la mission et les instructions que le curé de Genève peut avoir reçues de Rome ; il ne doit et ne veut connaître que les instructions que cet ecclésiastique reçoit de son supérieur sous la responsabilité de ce dernier ; » Les choses en sont là. L’attitude et la conduite du gouvernement ont été approuvées tout récemment (septembre 1868), après une discussion assez vive et malgré une protestation du clergé catholique, par les membres du grand-conseil. L’évêché d’Hébron ne sera pas de longtemps l’évêché de Genève.

Il restait une dernière barrière entre les anciens et les nouveaux Genevois, c’étaient les institutions de charité. Les biens de l’hôpital de Genève appartenaient encore, il y a quelques mois, aux descendans des vieux Genevois. Pour faire disparaître cette dernière trace d’inégalité, il a fallu de longs débats, de patiens efforts, deux plébiscites ; mais enfin la victoire vient de prononcer (août 1868). Anciens citoyens et nouveaux annexés ont droit aux mêmes secours. L’hôpital de Genève est remplacé par un hospice général. Ce grand acte sera l’honneur du parti indépendant, qui gouverne depuis 1865 ; le traité de Turin est aboli de fait, sinon de droit, les communes réunies n’ont plus besoin d’être protégées. Le premier article de la nouvelle loi constitutionnelle porte que « le peuple genevois renonce