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LA SERBIE
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

première partie.
ORIGINES DE LA GUERRE DE L’INDÉPENDANCE.

Il y a juste trente ans, un écrivain slave, racontant l’héroïque période où la Serbie avait enfin brisé le joug des Turcs, s’adressait en ces termes à l’Allemagne, et par l’Allemagne aux nations de l’Occident : « Que vous êtes injustes ! De tous les peuples chrétiens de l’Europe orientale, les Serbes les premiers se sent levés contre la domination ottomane, et sans autre secours que les sympathies de leurs frères moscovites, par leurs seules ressources, par leurs seules forces, ils ont vaincu de grandes armées. Bien plus, après une lutte de vingt ans entremêlée de chances contraires, ils ont purifié leur terre de la présence de l’ennemi et jeté partout dans le sol des germes durables de liberté, d’ordre, de prospérité pour l’avenir. Et vous, de ces luttes gigantesques vous êtes demeurés les spectateurs indifférens, tandis que vous n’avez pas eu assez de louanges pour exalter l’héroïsme de nos voisins, les peuples de langue hellénique, lesquels cependant, bien des années après nous, et soutenus par les acclamations, par l’or, par les armées de la chrétienté tout entière, n’ont réussi qu’avec peine à briser leurs fers dans une partie de leur contrée natale. » Ainsi parlait M. Possart, en 1838, dans ses études sur les héros serbes, et un critique allemand du plus rare mérite, un voyageur qui connaissait mieux que personne ce