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L’aîné, voyez le doigt de Dieu,
Est fauconnier, et ce roi blême
Au monde ne connaît et n’aime
Que la chasse au vol, son seul jeu.

Providence ! lois infinies !
Ordre des choses ! qui le sait ?
Le destin fait bien ce qu’il fait,
Mais l’histoire a ses ironies.

Pourquoi suis-je ou ne suis-je pas ?
Qu’importe qu’on vive ou qu’on meure,
Si c’est au caprice de l’heure
Que toute se mesure ici-bas ?

pensée, action, rien ne compte,
Si l’occasion n’a point lui,
Crime hier, et gloire aujourd’hui :
Par où l’un descende l’autre monte.

Quelle part de sang, quelle part
Faut-il de cendre expiatoire
Pour faire l’humus où l’histoire.
Cueille ses palmes au hasard ?

Le crime de l’un sert à l’autre,
Non moins criminel cependant ;
Les catastrophes vont s’aidant,
Après ton tour viendra, le nôtre.

« Il faut bien faire un fils aîné ! »
Se dit de temps en temps L’histoire,
Amoncelant l’or et la gloire
Sur tel ou tel prédestiné.

L’écroulement et les ruines
N’émeuvent jamais qui sait voir ;
Jour de haine et de désespoir
Pour Concini, fête pour Luynes !


II


Sous les ifs et les marronniers
Des bosquets du Louvre, dans l’ombre,
Grandit cet enfant pâle et sombre,
Seul entre ses trois fauconniers.