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HISTOIRE
DES SCIENCES

I.
LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

Nous sommes très fiers de l’état actuel de nos sciences. Qui sait si dans cent ans nos neveux seront aussi contens de nous que nous paraissons l’être de nous-mêmes? Qui sait ce qui restera des conceptions auxquelles nous attachons le plus d’importance, et qui nous guident dans nos travaux scientifiques? Il est bon en tout cas de jeter de temps en temps un regard en arrière sur cette grande route du savoir où l’humanité s’avance d’une allure irrégulière, ralentissant le pas à certains momens et dévorant quelquefois le terrain. C’est en considérant ainsi le passé que nous pouvons juger du chemin parcouru, et constater si nous sommes vraiment en train, comme on le dit, de faire une forte étape. Voyons donc quel était l’état général des sciences il y a cent ans, au milieu du XVIIIe siècle? Voilà une recherche qu’on pourrait aborder de front, et qui donnerait lieu à un tableau des plus intéressans; mais on ne se propose pas, dans les pages qui suivent, un travail si complet : on veut seulement éclairer la question dans une certaine mesure par un exemple particulier. A toute époque, il y a un petit nombre d’hommes, une élite, qui possèdent, au moins dans leurs données essentielles, les connaissances acquises avant eux. Parmi les grands esprits du XVIIIe siècle, nous prendrons le plus ouvert à toutes les idées, le