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lopait récemment dans un mémoire adressé à l’Académie des sciences morales, tant il est vrai que tout se réunit, les faits comme les inspirations de la raison théorique, pour remettre en honneur une des lois les plus essentielles de la politique des peuples libres !

Cette année qui finit, elle a eu pour tous des fortunes diverses. À nous, avant de s’en aller, elle nous a donné galamment un nouveau ministère, ou, pour parler d’une façon plus orthodoxe, des ministres nouveaux. En Autriche, le travail de réparation et de reconstitution qui s’accomplit depuis la guerre de 1866 ne s’est point interrompu. Des lois libérales ont été faites à Vienne. La Hongrie est pacifiée par cette combinaison du dualisme qui a créé un empire austro-hongrois, et M. de Beust s’efforce encore aujourd’hui d’appliquer les mêmes procédés de dextérité conciliante aux relations de la monarchie autrichienne avec la Galicie, avec la Bohême. Il ne réussira peut-être pas aussi complètement, parce qu’il n’a pas autant à donner aux Polonais et aux Tchèques : il réussira toujours assez pour se créer à l’extérieur une certaine liberté d’action dont il n’a pas sûrement renoncé à se servir, si des circonstances favorables s’offraient à lui. La Prusse a joui de ses immenses succès comme l’Autriche a profité de ses malheurs. Que la Prusse soit portée à désirer la paix aujourd’hui et qu’elle ait agi dans ce sens au milieu des complications actuelles, c’est vraisemblable, puisqu’elle y trouve pour le moment son intérêt. Est-ce à dire que tout soit définitif en Allemagne, que la paix soit bien complètement assurée ? La Prusse compte visiblement sur la force des choses pour donner la véritable interprétation du traité de Prague et pour fixer la valeur réelle de la ligne du Mein. La confédération allemande du nord grandit, se fortifie, et la confédération du sud est dans les limbes ; elle est morte avant de naître. L’autre jour, le ministre des affaires étrangères du Wurtemberg, M. Varnbuhler, l’enterrait sans façon dans un discours prononcé devant la chambre de Stuttgart. — Une confédération du sud, pourquoi faire ? que peut-on y gagner ? S’il faut s’absorber dans une agglomération, mieux vaut encore se confondre avec l’Allemagne du nord, à laquelle on est lié par les traités militaires, qu’on suivra sur les champs de bataille en cas de guerre. — Il ne faudrait pas presser beaucoup les raisonnemens de M. Varnbuhler pour s’apercevoir que les souverains de l’Allemagne du sud sont probableinent destinés à occuper la même place que le roi de Saxe, à qui M. de Bismarck allait l’autre jour rendre visite en bon voisin. La ligne du Mein fera encore une figure dans les traités et sur les cartes de géographie qu’elle n’existera déjà plus. Voilà le point noir qui reste au nord, mais qu’on est convenu de laisser sous un nuage, en se recommandant au temps et en restant sous les armes.

Au midi, l’année a donné à l’Italie un certain apaisement, à l’Espagne une révolution, et, si peu que les choses continuent comme elles ont commencé, ce n’est pas l’année où nous entrons qui dira le dernier mot