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tion de l’homme sur la nature. M. Reclus fait remarquer que, par opposition avec la terre, dont la surface seule est peuplée, l’océan pourrait être considéré comme le milieu vital par excellence; des myriades d’organismes s’y pressent en si prodigieuses quantités que les eaux elles-mêmes en sont pour ainsi dire devenues vivantes; chaque goutte d’eau est un monde. Toutefois, si l’océan est vraiment le milieu principal des organismes animaux, la terre ferme est par contre le domaine du règne végétal. Les forêts de polypiers de la Mer du Sud, les bancs de harengs, où les poissons sont aussi pressés que le gazon des prairies, ont leur contraste dans les mers de feuillage des plaines de l’Amazone, dans les savanes ondoyantes qui se déroulent à perte de vue. Toute cette immensité appartient à l’homme; mais combien la prise de possession a été lente et pénible! Au lieu de conquérir tout à fait la terre et la mer, au lieu de jouir des richesses que leur offre la nature, les hommes sont occupés depuis leur création à s’entr’égorger, et, si on considère leur histoire, il n’y a aucun espoir qu’il en soit jamais autrement.

Sous ce titre : Histoire des météores et des grands phénomènes de la nature, M. J. Rambosson nous donne cette année un livre élémentaire sur la physique et la météorologie. Après avoir expliqué les principaux phénomènes de la chaleur, de la lumière, de l’électricité et du magnétisme, il y passe en revue les différentes espèces de météores, ouragans, tempêtes, orages, aurores boréales, et arrive enfin aux volcans et aux étoiles filantes, c’est-à-dire qu’il parle un peu de tout. Ce qui surtout rend cet ouvrage intéressant, c’est que l’auteur raconte souvent ce qu’il a observé par lui-même pendant ses voyages maritimes. Dans un chapitre qui sert d’introduction à ce livre, M. Rambosson s’étend sur l’utilité des voyages comme moyen d’instruction, et il fait remarquer que la facilité des transports permettrait aujourd’hui aux jeunes gens de compléter leur éducation en faisant une bonne fois le tour du monde, comme ils eussent fait autrefois le tour de la France. Cette idée n’a rien de chimérique, et il est bien possible qu’on finisse par en arriver là. Déjà, il y a trois ou quatre ans, une frégate autrichienne est partie de Trieste pour un voyage de circumnavigation qui n’avait aucun but officiel, et un armateur d’Anvers, M. Cateaux-Wattel, a essayé naguère d’organiser une expédition du même genre : le voyage devait durer deux ans, le prix de la pension des passagers était fixé à environ 5,000 francs par an, et le prospectus indiquait minutieusement tous les ports de relâche, ainsi que les jours d’arrivée et de départ pendant les années 1866, 1867 et 1868. Ce projet a-t-il été mis à exécution ?

En attendant que des trains de plaisir nous fassent faire réellement le tour du monde, nous pouvons en visiter toutes les merveilles à moins de frais en lisant les descriptions qui se multiplient à l’infini grâce aux progrès de la gravure à bon marché. Parmi les livres de ce genre qui