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rapport, la rénovation a été très marquée; mais l’intérêt qu’offre le groupe agricole du bas de la Loire tient d’abord à la diversité des cultures et au contraste existant entre les systèmes qui règlent les relations du tenancier avec le propriétaire.

Les céréales, les fourrages et les vins figurent au premier rang des produits du sol. Les fromens du pays de Retz sont particulièrement renommés. La récolte y dépasse les besoins, et fournit d’ordinaire un assez notable contingent à l’exportation. Ou expédie également au loin une partie des fourrages, qui trouvent sur les rives de la Loire une véritable terre promise. Grâce à un système de compression très simple, quoique fort énergique, on réussit à donner au foin, pour les transports à grande distance, une densité égale à celle de l’eau. Quant à la vigne, son humeur accommodante l’a partout acclimatée, sur les coteaux et dans les plaines, sur le roc et dans les sables. A l’extrémité de la pointe de Saint-Gildas, au pied du sémaphore dominant les récifs, là où les roches semblent germer sur la terre dénudée, la vigne témoigne seule que la végétation n’est pas tout à fait vaincue. Ailleurs, à Piriac, les vignobles s’avancent, pour ainsi dire, jusque dans la mer. C’était là une importante ressource pour ce district, où l’on récoltait, année moyenne, avant l’invasion de l’oïdium 7,000 pièces de vin[1]. D’autres produits, quoique d’une moindre valeur, procurent une aide précieuse à certaines localités. C’est le bois, par exemple, dans la région de Chéméré, d’Arthon et de Machecoul; ce sont les roseaux qui bordent et protègent les prairies de la Basse-Loire, et qui à Saint-Jean-de-Boisseau servent à la fabrication des nattes; c’est l’osier, qu’emploient dans les articles de vannerie commune les villages populeux de la Chapelle-des-Marais.

Dans les exploitations agricoles, tous les régimes se rencontrent mêlés les uns aux autres : le métayage ou le partage des fruits par moitié, le fermage payable en argent, le fermage payable en une quantité fixe de produits. Mieux constitué que sur le sol périgourdin, où nous l’avons précédemment observé[2], le métayage procure ici plus d’aisance au tenancier et il entraîne moins de défiance dans les relations dérivant du contrat. Du côté de Guérande, on n’aime pas le mode du fermage à prix d’argent, préféré au contraire dans la plus grande partie du pays de Retz. A tout prendre, ce dernier système tend à gagner du terrain, comme étant plus favorable au perfectionnement des procédés et à l’indépendance du cultivateur. Quant au mode si défectueux du paiement au moyen d’une

  1. On avait arraché beaucoup de vignes à la suite de plusieurs mauvaises récoltes consécutives. Réduite un moment à 2,000 pièces, la production se relève peu à peu par suite de plantations nouvelles.
  2. Voyez la Revue du 1er juin 1867, le Métayage et la Culture dans le Périgord.