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ration remonte loin : il faudrait, pour être juste, se reporter à plus de trente-cinq ans; mais l’expansion de ce réseau ne date que d’une vingtaine d’années, et depuis lors le mouvement ne s’est pas ralenti. Partout dans la région de la Basse-Loire, dans le pays de Retz particulièrement, on a dû beaucoup sous ce rapport à l’action d’un préfet dont il convient d’autant plus de rappeler le nom qu’il est depuis longtemps en dehors de la vie administrative, M. Gauja. A l’heure qu’il est et grâce aux développemens postérieurs, il n’existe plus que quelques tronçons à construire. Des pays de production comme ceux-ci ont besoin avant tout de moyens de transport. S’ils restent en arrière, ils succombent nécessairement devant la concurrence de régions mieux partagées. Voilà cependant qu’en face des courans nouveaux qui s’établissent les modes anciens deviennent insuffisans. De justes satisfactions ont été et sont en ce moment données à la rive droite du fleuve; on ne saurait trop accélérer les travaux entrepris; mais on a délaissé complètement la rive gauche. Le pays de Retz voit son active industrie agricole menacée et compromise. Autant on y possédait, en fait de routes, les facilités voulues, autant on est déshérité du bénéfice des voies rapides, indispensables désormais pour l’écoulement des produits, surtout des produits alimentaires.

Il avait été conçu, il y a quelques années, un projet de chemin de fer départemental qui aurait été sur la rive gauche de la Loire comme le pendant des lignes votées l’an dernier sur la rive droite, entre Saint-Nazaire, Guérande et le Croisic. Malheureusement les défectuosités du tracé Font promptement compromis. Point de succès pour des entreprises de ce genre, si l’on ne s’adresse à la masse des intérêts. Il importe de savoir y tenir compte des courans commerciaux déjà établis. Sans doute il est facile de voir qu’il faudrait au pays de Retz deux lignes, dont l’une le relierait au chef-lieu du département, avec lequel les communications sont parfois si difficiles à cause de l’état de la Loire, et dont l’autre, le traversant dans toute sa largeur, irait rejoindre le chemin de fer de la Vendée. Cependant quel serait le parcours de ces deux lignes? quels en seraient les points d’arrivée? où serait le point d’intersection? C’est là que la difficulté commence. Paimbœuf est assurément la principale localité à desservir; mais on ne doit laisser à l’écart ni Saint-Père-en-Retz, ni Pornic, ni Bourgneuf, ni Machecoul. C’est auprès de cette dernière ville que le chemin devrait se bifurquer pour gagner plus loin la ligne de Nantes aux Sables-d’Olonne, d’une part par Légé, de l’autre par Challans. Ces questions décidées, il resterait encore à régler les tracés en consultant l’importance relative des localités intermédiaires. Telle est la tâche qui