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« Nous partîmes pour Meudon, d’Ussé et moi, sur les six heures… Nous trouvâmes en arrivant cour plénière : Mme de Maurepas, Mme de La Vallière, Mme de Brancas, Céreste (frère du maréchal de Brancas), l’abbé de Sade, La Boissière, l’évêque de Saint-Brieuc, l’intendant de Rennes, M. de Menou, etc. ; mais tout cela ne resta pas, et les quatre derniers s’en allèrent… Les dames arrivèrent de la promenade… Je m’approchai de Mme de Rochefort, à qui je fis de grands reproches de ne m’avoir rien fait dire par vous : grandes amitiés de sa part, et puis ensuite grandes confidences. Je lui dis qu’Ussé commençait à prendre quelque ombrage de l’abbé de Sade. Je demandai où en était l’italien : il ne me parut pas que le précepteur ni la langue eussent fait de grands progrès. L’abbé relaie un peu le chevalier, et excepté qu’il n’a point d’habit d’ordonnance, cela est assez du même ton. »


Cette dernière phrase signifie que le chevalier relayé ou suppléé par l’abbé de Sade est le chevalier de Brancas, alors colonel de cavalerie, second frère de Mme de Rochefort, qui lui donne des leçons d’italien[1].


La situation indiquée dans la lettre du 2 juillet est dessinée plus nettement dans celle du 14, où le président annonce qu’après avoir soupe de nouveau au château de Meudon il a eu une longue conversation avec Mme de Rochefort.


« Nous avons raisonné, dit-il, de toutes ses affaires, des terreurs de d’Ussé, de leurs fondemens. J’ai fait de la morale très sévère, et d’elle-même elle m’a dit qu’elle avait eu tort de laisser trop durer une fantaisie, et de ne l’avoir pas dit d’abord à la personne intéressée. On ne peut être plus vraie qu’elle l’est, ni plus candide. J’ai parlé sur cela comme Ruyter aurait parlé d’une aventure arrivée sur la rivière de Seine en se souvenant de ses combats sur mer, car ce n’est, à dire vrai, qu’une aventure d’eau douce, et il n’y a pas de matière à douter. J’ai parlé aussi des langues étrangères (c’est-à-dire de l’abbé de Sade) : on m’a dit de bout en bout tout ce qui en était. Pour de celui-là (l’abbé de Sade), le grand chat (le frère aîné, M. de Forcalquier) s’en est avisé, tant il est fin. C’est une ressource très grande à la campagne : on s’en amuse, on s’en moque, et, comme je crois vous l’avoir mandé, il est le chevalier de votre minet[2]. »

  1. Quant à l’assertion du président que l’italien ne fait pas de progrès, elle est confirmée, non-seulement par le témoignage déjà cité de M. de Nivernois, mais par une lettre de Mlle Pitt, grande amie de Mme de Rochefort dans la dernière moitié de sa vie, et qui constate que celle-ci ne comprenait pas l’italien.
  2. C’est-à-dire il remplace le chevalier de Brancas dans ses fonctions de maître d’italien.