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sent, entre autres privilèges, de l’adoucissement du service militaire. On prescrivit plus tard des épreuves d’immatriculation plus rigoureuses; mais elles étaient subies devant les professeurs des facultés, qui ont grand intérêt à n’écarter personne, parce que leurs émolumens s’augmentent des rétributions scolaires. Enfin, par une réforme qui date de 1834, le certificat de fin d’études dut être délivré par une commission qui se compose en majorité de professeurs du gymnase. Seulement, à la différence de ce qui se passe en d’autres contrées, ce n’est pas le savoir plus ou moins étendu de l’élève que l’on juge; l’examen n’est pas un inventaire, les Allemands se sont dit que le but à atteindre est non pas de garnir la mémoire de faits mal digérés, mais de développer l’esprit par un enseignement sain et suffisamment prolongé. Nous dirons encore cette fois que ces idées ne sont pas neuves. Les mêmes principes sont professés en d’autres pays. Cependant on a peut-être réussi en Prusse mieux qu’ailleurs à les faire passer dans la pratique des choses. Ainsi le candidat vient-il d’une école publique, il faut qu’il y ait passé deux ans dans les classes les plus élevées; se présente-t-il comme élève d’une école privée, il doit justifier de l’emploi de son temps pendant les années antérieures. L’examen est dirigé en toutes choses de façon à constater que le candidat a été soumis à un système d’éducation de bon aloi pendant plusieurs années.

Visitons maintenant, comme exemple, quelques écoles prussiennes. A Berlin, elles sont nombreuses. Il y a huit gymnases, et deux d’entre eux se sont annexé des écoles réelles; il y a en outre quatre écoles réelles indépendantes et une école municipale supérieure. Ces divers établissemens recevaient en 1863 une population scolaire de 7,000 enfans, sans comprendre les Vorschulen ou écoles préparatoires. Encore le public se plaint-il qu’il n’y ait pas assez de place. « Dans toute la Prusse, dit M. Arnold, on entend la même plainte : les écoles secondaires ne suffisent pas au flux incessant des élèves qui viennent y chercher les bienfaits de l’éducation. L’état augmente ses dotations, les municipalités s’imposent de nouveaux sacrifices, et cependant il y a toujours plus d’élèves que de places vacantes, quoique la rétribution scolaire ait été augmentée. » L’établissement d’instruction secondaire le plus remarquable à Berlin est le gymnase de Frédéric-Guillaume. On y trouve réunies, outre le gymnase proprement dit, une école réelle, une école préparatoire et une école de filles, avec un total de 2,200 élèves des deux sexes. Cette institution a cela de particulier qu’elle couvre presque ses dépenses avec le produit des rétributions scolaires qu’elle perçoit; elle ne possède en rentes qu’un revenu insignifiant, et ne demande à l’état qu’une faible subvention. Elle fut fondée il y a cent ans par