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c’est de pouvoir établir au grand jour, quand il le faut, qu’on a pour soi la situation géographique, c’est de pouvoir invoquer les expériences faites en les plaçant sous l’égide des enseignemens les plus incontestés de l’économie politique. Il n’y a point d’autre langage à tenir; il n’y en a point d’autre qui soit digne tout à la fois et de ceux qui posent les questions et de ceux qui les décident.

Les traits les plus saillans à dégager en dernière analyse de ces recherches sur une région trop ignorée, ce sont les habitudes laborieuses, le caractère solide, les mœurs traditionnelles et régulières de la population. Voilà bien le point d’appui le plus sûr qu’aient rencontré les améliorations dérivant du mouvement économique contemporain. Ce mouvement, si souvent critiqué faute d’en bien saisir les conditions et les lois, a été essentiellement favorable à tous, quand des erreurs accidentelles ne l’ont point détourné de sa voie normale. L’observation des faits a donc pleinement confirmé cette idée, émise dès l’abord, que, loin d’être en contradiction avec le perfectionnement moral de l’homme, il le suppose, il l’encourage, il l’accélère. Tel est le dernier mot à prononcer, et ce mot reste comme un encouragement pour l’avenir. Avec l’étendue et la variété des ressources de la contrée qui a fait l’objet de ces études, avec la nature des aptitudes locales, le progrès futur est assuré. Peut-être suffirait-il d’avoir ainsi visité dans ses moindres groupes la France agricole, industrielle et commerciale pour trouver également presque toujours d’incomparables raisons de confiance. Combien d’élémens féconds et vigoureux pourraient se révéler dans les recoins les plus écartés comme dans la région du bas de la Loire! Si l’on veut se figurer la France telle qu’elle est dans son intimité la plus réelle, ce sont peut-être les milieux qui échappent le plus fréquemment à l’observation qu’il importe surtout d’envisager. On y découvrirait que l’amour du travail et le bon sens, ces deux forces qui sont pour un peuple le plus précieux apanage, demeurent intactes dans la masse de la population. Cette conclusion est rassurante, non-seulement pour le développement des richesses économiques de notre pays, mais encore pour la solidité du nœud social et l’avenir de la liberté politique.


A. AUDIGANNE.