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Kioto pour délibérer en commun sur la nouvelle forme à donner au gouvernement. Quelques princes arrivaient, d’autres se disposaient à se rendre à l’appel du taïcoun. La révolution prenait une tournure légale. Cela ne faisait pas sans doute le compte des princes du sud. Ils entourèrent brusquement les palais du mikado, mirent la main de force sur la cour impériale, puis ils éloignèrent les kougués amis de Stotsbachi, et mirent à leur place les kougués compromis dans la tentative de Nagato en 1864, et qui, bannis et réfugiés depuis lors chez ce prince, étaient revenus avec lui. Les jours suivans, ils firent publier coup sur coup des décrets qui abolissaient le taïcounat, la dignité de kwambakou, et déclaraient le mikado chef du pouvoir exécutif. Ces décrets furent rendus sans délibérations générales et hors de la participation des autres daïmios, qui de près ou de loin assistaient à ces péripéties. Stotsbachi, forcé de se retirer à Osaka, y retrouva les ministres étrangers, venus pour l’ouverture des deux villes, fixée au 1er janvier 1868. Il protesta vis-à-vis d’eux contre l’illégalité de ces décrets ; des pourparlers s’échangeaient entre Kioto et Osaka, les ministres restèrent dans l’expectative.

Hiogo cependant avait été ouvert, et, le 1er janvier au matin, les navires étrangers présens sur rade avaient salué de leur artillerie le pavillon japonais. Les premiers convois d’Européens étaient arrivés, quelques négocians s’étaient même rendus à Osaka à la suite des ministres. Le 24 janvier, le bruit se répandit, arrivant de Yeddo, qu’un combat avait eu lieu dans cette ville le 19 entre les officiers du taïcoun et les gens de Satzoumaj. Voici comment on raconta l’affaire dans l’entourage de Stotsbachi : l’un des hiashkis (palais) que Satzouma possédait à Yeddo avait été reconnu pour donner asile à des bandes d’hommes armés se livrant la nuit au pillage et à des vols d’argent importans dans la ville et les environs. Le matin du 19, un parlementaire leur fut envoyé, accompagné d’une petite troupe, et se présenta à l’entrée du hiashki ; ils se saisirent du parlementaire, le mirent à mort et firent feu sur sa troupe. On revint aussitôt en force pour faire l’attaque de l’enceinte, qui fut emportée. Les gens de Satzouma qui étaient à l’intérieur furent tués en partie ; le palais fut brûlé. Quelques-uns des fuyards se réfugièrent en rade à bord d’un vapeur de Satzouma, qui appareilla, et fut poursuivi de loin, à sa sortie du golfe de Yeddo, par quelques navires de la flotte taïcounale. Trois jours après, le 27 janvier, à Osaka, les troupes du taïcoun entourèrent les trois hiashkis du prince de Satzouma ; Stotsbachi avait, paraît-il, demandé à Kioto que Satzouma fût déclaré hors la loi par un décret impérial. Pendant la nuit, les gens qui occupaient ces hiashkis se sauvèrent à la faveur de l’obscurité et mirent le feu à l’un des palais, qui brûla entièrement ; les