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autres furent occupés. Le même jour, à Hiogo, trois vapeurs de Satzouma qui se trouvaient sur rade appareillèrent, et les navires de Stotsbachi, entre autres le Kai-yuo-mar, grande et belle frégate mixte construite en Hollande, les laissèrent échapper après un court engagement à coups de canon.

Une certaine agitation se faisait remarquer dans la ville d’Osaka, que les marchands japonais commencèrent à évacuer. Le gouverneur parvint à faire cesser ce mouvement d’émigration ; mais le bruit de nouveaux combats livrés entre Kioto et Osaka commença de se répandre. Dans la soirée du 29, les représentans étrangers furent informés que les troupes taïcounales se repliaient sur Osaka, et, plus avant dans la nuit, Stotsbachi leur faisait notifier qu’il abandonnait la ville, et qu’il engageait les ministres et résidens à pourvoir à leur sûreté, dont il ne pouvait plus répondre. On reçut en même temps l’avis que les troupes de Satzouma approchaient, et entreraient probablement le matin à Osaka. Les ministres étaient tous installés, avec leurs détachemens et leur personnel, dans un quartier plein de temples aux environs du château. Ils firent à la hâte leurs préparatifs, rassemblèrent ce qu’ils purent de leurs bagages, et, se faisant suivre des détachemens, descendirent le fleuve en traversant la ville. Ils étaient en route avant l’aube ; le ministre d’Angleterre, un peu en arrière, s’arrêta toutefois dans la matinée au consulat, sur la concession en aval de la ville, en apprenant que l’état de la barre à l’entrée du fleuve empêchait les embarcations de sortir, et contraignait ses collègues à rester au fort de Temposan, près de l’embouchure.

Les événemens qui s’étaient passés entre Kioto et Osaka ne furent bien connus que plus tard. A la suite des pourparlers qui s’étaient échangés entre les deux villes, et auxquels les daïmios d’Etsizen et d’Owari s’étaient employés activement, Stotsbachi s’était décidé à rentrer à Kioto, déclarant qu’il convoquait tous les daïmios à venir y régler avec lui les affaires. Peu confiant dans les intentions de ceux qui l’appelaient, et rendu prudent par les tentatives d’assassinat que des gens de Tosa avaient commises récemment sur sa personne, il se fit précéder d’une partie de ses troupes, qu’il envoya en deux cortèges sur la route de Kioto ; les gens des daïmios d’Aïdzou et Kouwana formaient ces troupes avec les hattamottos, commandés par le même Takenaka que nous avons vu figurer dans la guerre de Nagato. Arrivées aux portes de Kioto, elles trouvèrent les partisans de Satzouma, qui leur intimèrent l’ordre de rebrousser chemin. On parlementa quelque temps, les uns invoquant le décret qui déclarait Stotsbachi rebelle, les autres l’ordre de la cour de Kioto. On ne sait trop de quel côté le premier coup de feu fut tiré ; mais il devint le signal d’un engagement à la suite duquel les troupes de