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Stotsbachi, bien que supérieures en nombre, s’enfuirent dans le plus grand désordre.

La distance entre Kioto et Osaka est d’environ douze lieues ; sur la route se trouve le château de Yodo, forteresse taïcounale, alors entre les mains du daïmio gonfoudaï d’ïdsoumi, Inaba-mino-no-kami. On voit que la situation, militairement parlant, était bonne pour le taïcoun, appuyé sur Osaka, s’il avait voulu prendre à temps les mesures de défense et de concentration les plus clairement indiquées. Aussi a-t-on quelque peine à s’expliquer, si ce n’est par l’impéritie et le découragement des officiers de Stotsbachi, ce qui se passa dans les journées suivantes. Le 27, il y eut deux rencontres entre les troupes taïcounales, disséminées, et les gens de Nagato et Satzouma, sortis de Kioto ; le principal combat eut lieu à Foushimi, près de la capitale, et la petite armée de Stotsbachi, battue, se replia sur le château de Yodo. Le lendemain, elle se disposait à revenir vers Foushimi lorsqu’on apprit que le château de Yodo avait été évacué ou remis par le daïmio d’Idsoumi et occupé par les gens de Satzouma. De ce moment, une retraite désordonnée eut lieu, de Yodo, qui fut incendié, jusqu’au petit fort de Hashimoto, à quelques milles a" Osaka.

Le lendemain, Stotsbachi, démoralisé sans doute par ces échecs, et résolu à ne pas défendre sa situation personnelle par les armes, s’embarquait en rade d’Osaka sur le Kaï-yuo-mar, et laissait ses troupes se disperser et se retirer du côté de l’est. Les forces des daïmios, s’avançant à leur suite, occupèrent Osaka. Un détachement de fusiliers français renvoyés en ville pour essayer de reprendre des bagages, quelques agens de la légation anglaise, pénétrèrent deux jours après jusque dans les environs du château, et rencontrèrent des groupes peu nombreux de soldats de Nagato qui les laissèrent passer. Le gros de l’armée des daïmios poursuivait son chemin ; le château, resté désert, fut livré aux flammes avec ses immenses constructions ; de Hiogo et du pays environnant, on le vit brûler pendant plusieurs jours. Les 2 et 3 février, les ministres étrangers purent s’embarquer et franchir la barre de Temposan. Des délégués des princes, accompagnant un kougué, vinrent s’installer à Kobé, que les employés du gouvernement taïcounal avaient évacué quelques jours auparavant. Le 5 février, le Kaï-yuo-mar déposait Stotsbachi à Yeddo.


III

En quittant Osaka, Stotsbachi avait informé par écrit le mikado qu’il se retirait au château de Yeddo pour attendre ses ordres. Quelques serviteurs restés fidèles à sa cause au milieu de la