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quiétude et révéler tout ce qu’elle cachait de faiblesse réelle et d’élémens hostiles.

Quand la révolution et les nationalités soulevées eurent été vaincues, que l’ordre se trouva rétabli, on rechercha les causes qui avaient amené tous ces troubles. Les lois de Joseph II parurent alors être l’une de celles qui demandaient le plus prompt remède. Ces lois, inspirées par le funeste esprit du XVIIIe siècle, avaient, assurait-on, répandu dans le peuple le ferment de l’irréligion et de la révolte. Aujourd’hui on tient encore le même langage à propos de l’Espagne. Si la révolution y a triomphé, si la péninsule est en proie à des troubles périodiques, c’est parce que l’état n’a pas voulu accorder à l’église les pleins pouvoirs dont elle a besoin pour façonner les peuples à l’ordre et à l’obéissance. Durant la période de réaction commencée en 1850, la plupart des gouvernemens européens crurent qu’ils augmenteraient leur force de compression en s’appuyant sur l’église. L’église représente la tradition, le passé. Ceux qui veulent ramener les peuples en arrière sont donc conduits à conclure avec elle une intime alliance. C’est ce que fit l’Autriche sous le ministère Bach, et de là est né le concordat du 18 août 1855. Depuis 1849, le clergé travaillait à en préparer les bases. Profitant des sentimens de piété du jeune empereur et de l’effet produit sur son esprit par les épreuves qu’il venait de traverser, ils parvinrent à obtenir de lui le sacrifice de toutes les mesures de précaution que, depuis le moyen âge, le pouvoir civil avait cru devoir prendre pour se garantir des empiétemens de l’église. Dans la négociation, il fut tenu peu de compte des droits de l’état ; il n’y a point lieu de s’en étonner, car celui qui se trouvait chargé de les défendre n’était autre qu’un prince de l’église, M. Rauscher, archevêque de Vienne. Les deux prélats, M. Rauscher et le cardinal Viale-Prela, crurent qu’en livrant l’Autriche à la direction du sacerdoce ils assuraient le bonheur des peuples et la stabilité de l’empire.


II

Examinons maintenant les principales dispositions du concordat. Il faudra entrer à ce sujet dans quelques détails qui paraîtront peut-être arides ; mais la prochaine réunion d’un concile œcuménique donne un intérêt très actuel à tout ce qui permet de se rendre compte du but que l’église poursuit. L’article premier renferme l’essence même du traité ; il est ainsi conçu : « la sainte religion catholique romaine sera toujours conservée dans l’empire d’Autriche et dans tous les pays qui le composent, avec tous les droits et privilèges dont elle doit jouir en vertu de l’ordre divin et des lois