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traite encore en élèves. M. Préault s’est oublié jusqu’à l’âge de soixante ans dans cette classe élémentaire, il n’y est plus le premier ni même, hélas ! le deux centième !

Le Jeune Braconnier de M. Gauthier se place au premier rang des œuvres jeunes : cela est fait d’inspiration ; ni les vivans ni les morts n’y réclameront rien ; il y a un homme nouveau, original et puissant derrière ce groupe. Quant au Narcisse de M. Hiolle, c’est un envoi de Rome tel que Rome ne nous en envoie pas tous les ans. Si le sujet nous paraît un peu vieux, la donnée de l’artiste est assez neuve ; il a pris un personnage plus adulte que la tradition ne le comporte, et la souplesse du mouvement, la beauté de la figure, l’élévation du style, le mérite de l’exécution, dépassent de beaucoup la moyenne ordinaire. M. Captier, qui se produit pour la première fois, débute par un coup d’essai mémorable ; il fait d’emblée une croix à son nom. Son Faune est d’une intelligence et d’une finesse rares. Il y a des mérites plus éminens encore chez M. Leenhoff. Le plâtre qu’il désigne sous le nom de Guerrier au repos annonce un homme imbu du style héroïque et capable de s’élever aux plus fiers sommets de l’art. Par malheur, la tête et le torse rappellent un peu trop l’Achille, et le dessin des membres inférieurs laisse beaucoup à désirer. Le groupe de M. Pauffard, Jeune fille retenant l’Amour captif, respire le plus pur parfum de l’antiquité ; un certain archaïsme dans les plis ne nuit pas à l’effet d’ensemble. Un peu plus de science, et l’on se demanderait si cette jeune fille n’a pas été trouvée par des pêcheurs dans le lac de Gabies. Tout au contraire le Réveil de M. Franceschi est moderne par le sujet, par le type, par le style, par ce je ne sais quoi de Pompadour qui revient à la mode ; mais c’est la fine fleur des élégances mondaines : du charme, de l’esprit, une grâce souple et moelleuse, et des lignes dont l’harmonie riante et facile ne laisse rien à désirer. M. Franceschi n’avait encore rien fait d’approchant ; il a pourtant fourni une certaine carrière et acquis un joli commencement de réputation. M. Boisseau nous montre un groupe touchant, d’un sentiment heureux et vrai : la fille de Céluta pleurant son enfant. La forme laisse encore à dire ; on doit espérer que l’artiste se complétera. Le Bacchus de M. Tournois reparaît en bronze avec un jeune compagnon de plâtre. On revoit avec plaisir la bonne statue de l’an dernier ; l’autre, le Joueur de palet, paraît d’une qualité moins franche. Si le mouvement général est souple et fin, les réminiscences de l’antique sont trop visibles par places. M. Tournois a voulu renouveler sa manière ; c’est un chercheur qui trouvera sans doute, sauf à s’égarer quelquefois : il y a presque toujours du va-et-vient dans la marche des vrais artistes. Le Ganymède de M. Barthélémy, le Tircis de M. Bardey, le