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pire, toutes les autres, disait l’article 2, « appartiennent aux diètes de nos royaumes et pays dans le sens de leurs constitutions provinciales. » En 1865, à la suite des grandes discussions que nous venons de rappeler, le souverain prononçait des paroles semblables. Amené par ses négociations avec la Hongrie à soumettre le diplôme du 20 octobre 1860 aux suffrages de la diète de Pesth, François-Joseph promettait que, dans le cas où les Magyars modifieraient la loi de l’empire, ces modifications seraient soumises à leur tour aux représentans des autres royaumes. C’était comme une annonce de politique fédérative. Ces mots de « royaumes, » de « droit historique, » si souvent effacés dans les actes officiels de la période précédente, reparaissaient comme un engagement sous la signature de François-Joseph, et les Tchèques, inquiets de leur avenir, avaient bien le droit d’en prendre note. Où sont-elles aujourd’hui, ces promesses? Qui parle encore des royaumes de la monarchie, des droits historiques des peuples? Ébranlée par la catastrophe de 1866, l’Autriche se hâta de conclure avec les Hongrois l’accord qui se prépa- rait depuis un an, et le gouvernement de François-Joseph oublia de consulter les royaumes et pays de la monarchie sur cette révolution fondamentale.

Si M. le comte Belcredi eût été un homme d’action, il aurait pu faire comprendre à l’empereur François-Joseph que le meilleur moyen de relever l’Autriche après Sadowa était de procéder immédiatement à l’émancipation de ses peuples. Reconstituer le royaume de Pologne, rien de mieux, si en même temps on reconstituait le royaume de Bohême, si on rétablissait tous les groupes historiques, si on ranimait d’un seul coup tant de forces indifférentes ou hostiles. Malheureusement M. Belcredi, intelligence éclairée, caractère bienveillant et timide, n’était pas l’homme de ce rôle. Il se trouva au contraire qu’en ce moment-là même un esprit des plus résolus entra subitement au pouvoir avec des idées toutes différentes. Avons-nous besoin de nommer M. le baron de Beust? Vaincu dans son duel avec M. de Bismarck, l’ancien ministre du roi de Saxe venait d’être appelé au secours de l’Autriche par l’empereur François-Joseph. Quelles que fussent alors les intentions de M. de Beust, qu’un désir bien naturel de revanche inspirât sa politique ou qu’il voulût seulement travailler à la rénovation pacifique d’un état si menacé, nul ne s’étonnera qu’en des circonstances si critiques le hardi Saxon ait saisi les premières armes que le sort lui offrait. La Hongrie était prête; M. de Beust conclut l’accord de la Hongrie et de l’Autriche. La Hongrie voulait partager la domination avec les Allemands de l’empire; M. de Beust organisa île dualisme austro-hongrois.