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LE CHRISTIANISME
ET
LE SPIRITUALISME

Un sérieux et habile philosophe, l’un des premiers naguère parmi les disciples, aujourd’hui parmi les maîtres de la grande école spiritualiste que MM. Royer-Collard, Maine de Biran, Cousin, Jouffroy et Rémusat ont relevée dans la patrie de Descartes, M. Janet a publié dans cette Revue[1] et sous ce titre : Un Apologiste chrétien au dix-neuvième siècle, un examen de mes Méditations sur la religion chrétienne, examen accompli avec autant de convenance que de franchise. Je lui dois et je me dois à moi-même d’accepter et la discussion qu’il engage et le nom qu’il m’y donne. C’est en effet une apologie du christianisme, dans l’état actuel de la pensée, de la science et de la société humaine, que j’ai tenté d’esquisser. Et après le travail de M. Janet, toujours pénétré de la même conviction et dévoué à la même cause, c’est encore du christianisme que je voudrais marquer avec précision la place et le caractère, non pas en opposition, mais en regard du spiritualisme, son compagnon au point de départ, mais qui ne lui reste pas uni jusqu’au terme, c’est-à-dire jusqu’au but de la carrière, car qu’est-ce que le terme pour l’esprit humain sinon le but auquel il aspire en partant et en marchant ?

I.

Je prends d’abord acte de deux déclarations parfaitement loyales de M. Janet ; l’une me concerne personnellement, l’autre touche à

  1. Revue des Deux Mondes, 15 mai 1869, p. 334-367.