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a été mis. — On appelle ainsi un détachement de quelque croquante hommes habitués à battre l’estrade et à rançonner le pays. — Les deux auteurs de cette sinistre révélation n’ont pas manqué d’être sur-le-champ mis en prison. Ce même lord Lovat fut naguère accusé de rapt. Sa victime était une des sœurs du duc d’Athol. Depuis lors, il n’osait plus se produire dans le monde, et n’y a effectivement reparu que lorsqu’il s’est vu gracié pour prix de ses bons services en Écosse,

7 juillet. — Le roi est parti ce matin, et le prince était dans le même carrosse que son père. Avant le départ, le duc d’Argyle et lord Islay sont venus baiser la main du roi pour l’assurer en même temps que leur conduite future montrerait à quel point ils ont été calomniés auprès de sa majesté.

À la cour dès le matin. La princesse a fait prier lord Cowper de venir trouver le prince, lequel n’a confiance qu’en lui. Elle assure qu’une pension de trois cents livres lui a complètement gagné Robethon (ce dont je doute, car il est de ceux qui se vendent, mais ne se livrent point, et que Stanhope, qui accompagne sa majesté, a promis de mander ici tout ce qui se passerait là-bas (j’en doute au moins autant que du reste).

Pendant la visite qu’il fit à sa bru hier soir, le roi, dit-elle, lui raconta qu’il avait vu dans les dernières vingt-quatre heures au moins cinquante personnes, et que toutes, — à l’unique exception de lord Cowper ; — avaient sollicité de lui quelque faveur ; comme lui trouvant la mine un peu fatiguée », elle lui demandait s’il allait bien : — Ne vous étonnez pas, lui répondit-il en riant, si je vous parais un peu pâle. On n’a fait toute la journée que me saigner à blanc. La princesse se plaint que M. de Torcy[1] ouvre toutes ses lettres.

8 juillet. — La duchesse de Munster a dit à lady Saint-John, de qui je le tiens, qu’elle s’était opposée à l’expulsion du duc d’Argyle, et qu’elle l’attribuait à l’insistance des ministres. J’ai rencontré l’archevêque (de Cantorbéry) ; il m’a parlé d’une sorte de pacte en vertu duquel lord Cowper et lui doivent se maintenir ou tomber ensemble. Mon mari a passé deux, heures chez le prince, qui promet de suivre ses inspirations ; en toute chose. Mylord, pour premier conseil, lui prêche le pardon et l’oubli envers ceux dont il croit avoir à se plaindre, et cela dans l’intérêt des affaires en général. Son altesse Fa franchement promis, ajoutant qua les bons-avis de lord Cowper Lui avaient été fort précieux.

Arrêts de mort contre vingt-quatre rebelles, qui seront tous

  1. J.-B. Colbert, marquis de Tony, neveu du grand Colbert ; il était alors membre du conseil de régence.