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celui du principal est de 18,750 francs. Au mois d’octobre 1868, l’établissement comptait 750 jeunes filles réparties en trois divisions, le département préparatoire, le département collégial, le département académique ; 156 suivaient les cours de latin, 140 apprenaient la langue française.

Lors de ma première visite, j’étais arrivé dans l’établissement, dont j’avais admiré l’élégante architecture, à l’heure où les exercices commencent. Je fus conduit par le principal, M. Crittenden, dans la chapelle, où toutes les élèves s’étaient réunies. — Cette chapelle, éclairée par de hautes fenêtres ogivales, est assez vaste pour contenir 1,200 personnes. Une galerie circulaire en occupe la partie supérieure. La vue de ces 5 ou 600 jeunes filles, d’une tenue parfaite, présentait le plus agréable spectacle. J’y remarquai un grand nombre de figures spirituelles et gracieuses. Elles ne paraissaient nullement avoir cet air de hardiesse et de sans-façon que l’on reproche parfois aux jeunes Américaines. Aussitôt que M. Crittenden eut annoncé à ses élèves le sujet de ma visite, le professeur de musique s’assit au piano, et toutes les élèves chantèrent à l’unisson deux cantiques religieux, suivis de chants patriotiques dont quelques-uns rappelaient les souvenirs de la dernière guerre. Ce fut sans doute pour faire honneur à un visiteur français que le directeur leur fit ensuite entonner en chœur la Marseillaise. On pouvait juger, par l’expression qu’elles y mirent, qu’elles étaient satisfaites de manifester leur sympathie pour la France. Sur ma demande, on lit exécuter aux plus avancées quelques morceaux à première vue, et je pus me convaincre que l’enseignement musical était sérieux. A un signal donné, toutes les élèves se levèrent, et, se mettant en marche au pas militaire, se rendirent, dirigées par le piano, dans leurs classes respectives.

Les classes élémentaires, que j’examinai d’abord, sont excellentes. Je parcourus successivement les cours des différens degrés. Parmi les particularités dont je fus frappé, je signalerai la prédilection que les élèves les plus avancées manifestent pour l’étude des sciences et particulièrement pour la géométrie et l’algèbre. Moins fortes en latin, préparées d’une manière insuffisante pour l’étude de la langue française, elles suivent en général avec succès les cours d’histoire, de géographie et de littérature. Dans la classe supérieure du département académique, je les trouvai occupées à lire à haute voix et à commenter quelques passages du Paradis perdu de Milton. Elles récitèrent avec beaucoup d’intelligence et d’expression les beaux vers du poète anglais. La maîtresse leur adressa plusieurs questions sur le texte, la valeur des expressions, le rhythme poétique et aussi, d’après le désir que j’en témoignai, sur la vie, le caractère de Milton,