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d’étain. La Vénus de Milo, exposée par M. Oudry, de la grandeur de l’original, présente sous son aspect cuivré, moins agréable aux yeux que le grain du marbre blanc, les belles formes amples, le rendu de l’exécution, il reproduit jusqu’au travail du temps et aux ravages bien autrement visibles qui proviennent des hommes. Des coupes chargées d’ornemens et de figurines, des statuettes, des miroirs, un grand nombre de chemins de croix dont les personnages se détachent en bas-relief sur des fonds naturels ou sur des fonds d’or étaient les objets les plus en vue.

Outre ses objets de fabrication ordinaire, la maison Christofle a exposé un intéressant fac-simile argenté et doré du trésor d’orfèvrerie d’Hidelsheim, trouvé récemment en Allemagne, comme le nom l’indique assez, et dont l’origine est encore mal connue. Les pièces de travail en apparence romain, témoignent toutes, même celles qui servaient aux usages les plus vulgaires, d’une recherche de la belle forme qu’on demanderait en vain à nos producteurs d’aujourd’hui, et auquel, sans beaucoup de succès jusqu’ici, ils s’efforcent de revenir. Elles sont en même temps simples et d’une étonnante sobriété d’ornemens, mérite fort appréciable pour nous. Surcharger, tourmenter, compliquer les contours, appauvrir la forme sous prétexte de la rendre plus pittoresque, plus brillante et plus luxueuse, tel est le défaut commun de nos orfèvres. Non loin de ces pavillons du cuivre galvanique s’étalaient les fontes de zinc, et des moulages produits par des modèles très soignés. On appelle cela du « zinc d’art, » et il ne diffère guère au premier aspect du bronze lui-même. Il n’en est plus de même, si on l’examine de près ; les ciselures ont quelque chose d’émoussé, les contours ne prennent pas cette fermeté qui distingue le bronze. Le zinc reçoit facilement cette patine verte ou brune qu’on donne au cuivre à l’aide d’une solution d’ammoniaque, de sel marin et d’azotate de cuivre. Toutefois la patine, ne faisant pas corps avec le métal, s’use assez vite aux endroits saillans, et met à nu la couleur aigre et froide du métal dissimulé.

D’autres établissement qui s’occupent du travail des métaux, soit par la fonte et le marteau, soit par le galvanisme, avaient mis sous les yeux du visiteur des produits de toute nature, depuis des poignards délicatement ciselés jusqu’à des armures entières, des carapaces de guerriers du moyen âge et du commencement de la renaissance. Quelques-uns avaient exposé des pièces de joaillerie et d’orfèvrerie parfois exquises. Celles de M. Froment-Meurice, placées à mi-chemin de l’escalier qui conduit au premier étage, retenaient au passage ceux qui le montaient. D’un autre côté se trouvait le fer forgé, d’un travail si large et qui garde si bien jusqu’à la fin