générale, leurs dispositions particulières. Nous appartenons tous forcément à la tradition. Ne serait-ce pas folie et outrecuidance que de prétendre chacun pour soi-même réinventer ce que nos aînés ont trouvé après une longue série de tâtonnemens, d’essais et d’espoirs déçus ? La vie d’un homme, si bien armé qu’on le suppose de courage et de génie, se consumerait sans profit pour lui ni pour personne à cet effort orgueilleux. — Quelques membres ont recommandé le concours de l’état, d’autres celui des groupes ou associations, d’autres encore celui des individus seulement. Ils ont affirmé qu’après la vigoureuse impulsion qu’a imprimée le gouvernement du royaume-uni par son département de science et d’art, plusieurs villes de commerce, de celles qui possèdent le plus grand nombre d’artisans-artistes, ont renoncé aux encouragemens et au patronage. Les musées roulans qui circulaient dans les grands centres comme dans les bourgades, ayant achevé, disent-ils, leur œuvre, ont cessé de parcourir l’Angleterre. Nous ne pouvons ajouter foi à cette assertion. L’œuvre d’ailleurs était de rendre l’art populaire. Elle n’est donc ni d’un jour ni d’une année ; on ne change pas en si peu de temps les vues d’une nation. En tout cas, il faut plus d’une exhibition pour donner le sens de l’art à ceux qui en ont été jusque-là dépourvus. Ce n’est pas quelques-uns seulement, c’est la masse entière qu’il faut élever ; que de force et de temps sont nécessaires pour cela ! Au moment où le besoin du beau tend à tenir une place de plus en plus grande dans la vie des peuples, nul pays ne doit se désintéresser tout à fait ni ralentir son action. Ni la Belgique ni l’Allemagne ne s’arrêtent, ainsi que le témoignent d’autres membres du congrès. La Russie est entrée dans la voie, suivant les explications données par un attaché à l’ambassade russe en Angleterre, le général de Novitsky, l’un des membres du bureau.
M. Reiber indique ce que doit tenter aujourd’hui l’enseignement d’art : il doit s’adresser avant tout à l’attention et à l’intelligence, s’adapter aux plus petits sans s’abaisser pour cela, leur mettre la mesure et la justesse dans l’esprit et dans la main, ce qu’une locution énergiquement triviale appelle le compas dans les yeux. Les corporations, les jurandes, les maîtrises, étaient dépositaires de secrets qui se sont perdus. La liberté nous rendra tout. Nous aurons l’art pour tous et l’art par tous. — Ce sont là de grands mots. Ils correspondent à de grandes choses que nos neveux réaliseront peut-être un jour ; nous leur en aurons du moins facilité les moyens. La dépense productive par excellence, celle de l’éducation sous toutes ses formes, est devenue un vœu public, urgent, presque impérieux. Naturalisation et acclimatation de l’art sont une des parties de la réforme rêvée. M. Reiber veut une conduite vigoureuse, prudente