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GUILLAUME TELL
ET
LES TROIS SUISSES

LA LEGENDE ET L'HISTOIRE.

I. Albert Rilliet, les Origines de la Confédération suisse, 1868 ; 2 » édition, 1869. — II. Henri Bordier, le Grütti et Guillaume Tell, 1868. — III. Edouard Secrétan, les Origines de la Confédération, 1868. — IV. Pierre Vaucher, Des Traditions relatives aux Origines de la Confédération, 1868. — V. Hugo Hungerbühler, Étude critique sur les traditions, etc., 1869. — VI. J. E. Kopp, Geschichte der eidgenössischen Bünde, 1847-1856. — VII. Q. de Wyss, Die Chronik des weissen Buches im Archiv Obwalden, 1856.

L’historien doit-il être un orateur ou un critique ? Voilà une question posée depuis deux ou trois mille ans, et qui ne paraît pas encore tout à fait résolue. Pour beaucoup d’écrivains, le passé est un maître éloquent qui fournit des modèles de vertu, de sagesse et de courage. Si le maître se trompe quelquefois et donne au contraire de mauvais exemples, on tâche d’atténuer ses fautes et ses erreurs. On le regarde comme un père vénérable dont les hontes mêmes doivent rester cachées ; malheur à celui qui les découvre ! celui-là, fils maudit, sera chassé dans le désert. Il faut avant tout que l’historien soit un galant homme, habile à bien dire, bon citoyen, chaud patriote, croyant obstiné ; si quelques doutes l’assiègent, il doit les garder pour lui, de peur d’offenser ou de nuire. Sa méthode est un credo. Qu’il ne touche pas aux traditions, même si elles sont fausses : la patrie est bâtie dessus ! Ainsi pensent encore beaucoup de gens, oubliant l’injonction faite par Cicéron à l’histoire : « qu’elle se garde