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israélite de Munster qui justifient des connaissances exigées des instituteurs primaires jouissent des mêmes avantages. — Les jeunes ouvriers armuriers qui s’engagent à travailler pendant neuf ans dans les fabriques d’armes peuvent également obtenir un congé renouvelable au bout de six semaines d’exercice dans une batterie de campagne ou dans une forteresse. — Les infirmiers ne servent dans l’armée active qu’une année, mais ils restent soumis aux obligations ordinaires pour la réserve et la landwehr. En outre ils sont à chaque moment susceptibles d’être appelés dans les lazarets de l’armée en campagne ou des troupes en garnison. — Les militaires formés comme soldats du train peuvent être congédiés après un séjour de six mois dans un régiment de cavalerie ou d’infanterie, mais ils restent jusqu’à trente-huit ans susceptibles d’être rappelés pour le service du train des équipages. — On procède de même avec tous les hommes qui présentent quelques aptitudes particulières ; ils servent peu de temps dans les rangs ; on leur accorde des faveurs, des facilités, en retour desquelles ils doivent s’engager à laisser l’état bénéficier éventuellement de leurs connaissances spéciales : ainsi les jeunes médecins, les élèves des écoles de pharmacie, les médecins vétérinaires, les maréchaux-ferrans, obtiennent rapidement leur libération du service réel et effectif dans l’armée active ; seulement ils contractent l’obligation de se tenir, en ces diverses qualités, à la disposition de l’autorité militaire supérieure. En un mot, l’économie de ces diverses dispositions repose sur une pensée de respect scrupuleux pour l’intérêt collectif de l’état. Les congés renouvelables, les libérations anticipées, ne sont accordés qu’autant que l’exige l’intérêt de l’agriculture, de la fortune publique, de la science, de l’instruction publique, toutes choses qui touchent à l’intérêt général ; mais dans cette mesure les faveurs sont largement dispensées.

La difficulté était de concilier les complications résultant de ces exemptions avec les exigences du service dans un pays aussi centralisé que la Prusse. Heureusement la landwehr permet d’utiliser chacun des élémens dont l’ensemble doit constituer la force du pays. Cette institution n’est pas seulement une immense réserve d’anciens soldats et un vaste dépôt, elle est aussi un moyen de contrôle, de recrutement, et c’est par elle que l’état procède avec une sûreté infaillible au triage des hommes qu’il juge utile de ne pas appeler dans l’armée active. Chaque bataillon de la landwehr correspond à une circonscription fixe, dans laquelle tout Prussien est immatriculé pour le tirage au sort. Les commandans de ces bataillons sont, en vertu de la loi, investis comme les sous-préfets (landräthe) du droit de figurer dans les conseils de révision. L’autorité civile, et l’autorité militaire se prêtent ainsi un mutuel concours, pour veiller