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Broussais, et plus d’un praticien de notre temps souscrirait à ce précepte de Galien, « qu’il ne faut point dans les saignées dépasser la mesure d’un colyle, et qu’il faut en tout cas respecter les veines d’un malade qui n’a pas quatorze ans. » Mieux que toute considération générale, l’étude de la transfusion nous montre l’importance du liquide sanguin. Nous indiquerons tout à l’heure les cas bien déterminés dans lesquels le médecin peut pratiquer cette opération ; mais dès à présent le lecteur est en mesure de comprendre comment chaque partie du corps va se ranimer au contact de ce liquide. Les fonctions des tissus seront tour à tour et rapidement analysées ; glandes, muscles, nerfs, moelle épinière, cerveau, manifesteront leur activité individuelle. On verra comment les globules du sang alimentent isolément toutes ces flammes, qui s’unissent et se confondent pour former le flambeau de la vie.

La sécrétion s’opère à l’aide du tissu des glandes. Cette fonction relève de la nutrition, et se confond avec elle dans les produits les moins élevés de la matière organisée. Les végétaux les plus simples et les animaux inférieurs présentent cette confusion. A un degré supérieur de l’échelle des êtres, les élémens secrétaires s’isolent et vivent d’eux-mêmes, ils trouvent dans l’air environnant ou dans les liquides qui les baignent les conditions de leur nourriture et de leur fonctionnement. Chez les organisations parfaites, le tissu glandulaire devient plus complexe, il reçoit des vaisseaux et des nerfs ; la transfusion naturelle du sang joue déjà un rôle important. Le volume et surtout l’activité sécrétoire des glandes se trouvent dans un rapport direct avec la quantité de sang qui les traverse ; c’est ainsi que les reins, dont le travail est incessant, possèdent un système artériel très développé. Le sang se renouvelle dans les glandes comme dans tous les tissus, et les parois extensibles des vaisseaux l’admettent en proportion différente suivant que l’organe fonctionne ou se trouve au repos. Ici comme partout les faits particuliers ne sont que l’expression d’une loi plus générale. L’afflux sanguin augmente là où un excitant exerce son action. Lorsqu’un élément glandulaire manifeste son activité, il congestionne au plus haut degré toutes les parties voisines ; c’est un fait que les physiologistes ont bien mis en évidence sur les glandes salivaires des animaux. A l’état de repos, la congestion de ces glandes est faible, le sang des veines émergentes est noirâtre : c’est qu’alors les organes se nourrissent. Lorsque l’animal, lorsque le sujet de l’expérience vient à saliver sous l’influence d’une excitation artificielle, les glandes s’injectent au contraire, les vaisseaux deviennent turgides et revêtent une belle coloration vermeille. Ainsi les variations dans l’afflux sanguin correspondent partout à des degrés dans l’activité sécrétoire, et la sécrétion cesse lorsque le sang n’arrive plus aux glandes. Les