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moyenne à 30,000 âmes par année. L’octroi seul, qui était porté dans le budget de 1852 pour 34 millions 1/2, dépasse 105 millions dans celui de 1869. La progression moyenne des recettes ordinaires a été, de 1852 à 1859, de 3,800,000 francs par an ; depuis l’agrandissement de la ville jusqu’en 1870, elle atteint presque invariablement le chiffre de 6,700,000 francs, et le préfet de la Seine s’est plu souvent à déclarer que cet accroissement n’était dû à aucune taxe nouvelle. On ne peut, il est vrai, donner ce nom aux taxes qu’on a dû étendre aux habitans des communes annexées : elles ont été compensées et au-delà par des avantages de toute nature ; mais lorsque, sous prétexte de classemens de tarifs, on a fait passer d’une classe moins imposée à une classe supérieure des objets de consommation, lorsqu’on a frappé à l’entrée les matériaux de construction, on ne peut soutenir qu’on n’a pas établi de nouveaux impôts.

Tandis que les recettes s’augmentaient ainsi, les dépenses correspondantes ne suivaient pas la même marche. L’ensemble des dépenses ordinaires pour cette période de dix-sept ans n’est que de 973 millions. La progression moyenne a été de 1,500,000 francs de 1852 à 1859, et depuis lors elle a dépassé à peine 3 millions. Le budget des dépenses ordinaires, qui en 1852 s’élevait à 40 millions 1/2, figure en 1870 dans-les comptes de la ville pour 134,030,000 francs. Toutefois il importe d’aller au fond des choses et de ne pas se payer de mots. Si les dépenses ordinaires, c’est-à-dire celles qu’il faut acquitter nécessairement chaque année, celles qu’on ne peut remettre à un exercice suivant, étaient toutes comprises dans cette première partie du budget de la ville, il n’y aurait qu’à féliciter l’administration d’avoir su ménager un excédant de ressources qui, pour l’ensemble des dix-sept dernières années, a dépassé 822 millions, et qui, pour la seule année 1870, promet de s’élever à 37 millions 1/2 ; mais on a distrait des dépenses ordinaires un certain nombre de charges qui auraient dû y prendre place, et qu’on est surpris de voir figurer au budget extraordinaire. La classification aurait dû être plus rigoureuse.

Le budget ordinaire des dépenses de 1870 se résume en trois articles : la dette municipale (amortissement non compris), qui s’élève à près de 46 millions 1/2, les services administratifs de la préfecture de la Seine, qui dépassent 70 millions, et les dépenses de la préfecture de police, qui en atteignent 16. Si l’on pénétrait dans le détail de ces services, on serait frappé de l’importance qu’ils ont prise, au grand avantage de la population parisienne ; on verrait ce que chaque année la ville et le département de la Seine font d’efforts pour améliorer l’état sanitaire, répandre l’instruction, satisfaire aux besoins de l’assistance. Il nous suffira de dire que pour