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LA
PRUSSE ET L'ALLEMAGNE

IV.
LES ETATS ALLEMANDS DU SUD, LES PARTIS ET LES GOUVERNEMENS.[1]


I

Grandes furent les perplexités, les angoisses des états secondaires de l’Allemagne dans les premiers mois de l’année 1866. Une lutte terrible allait s’engager, et, quelle qu’en fût l’issue, l’Allemagne avait beaucoup à perdre, elle n’avait rien à gagner. A Dresde, à Munich, à Stuttgart, on pouvait dire avec un personnage de Goethe : « Deux mondes prêts à s’entre-choquer nous écrasent de leur poids. Les puissances qui nous gouvernent réclament un sacrifice, et nous sommes la victime désignée par le destin. » Quel parti prendre dans cette crise ? Se croiser les bras, rester neutre, ou, un rameau d’olivier à la main, s’interposer entre les contendans ? L’une et l’autre conduite étaient bien hasardeuses. De tous les droits de ce monde, les droits des neutres sont les plus contestés, et quant aux arbitrages, pour qu’ils aient quelque chance d’aboutir, il faut que l’arbitre soit fort, il faut aussi que les plaideurs désirent la paix. En vain la diète de Francfort pouvait-elle se prévaloir de cet article 11, qui obligeait tous les états germaniques à porter leurs

  1. Voyez la Revue du 15 janvier 1870.