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(pessimo. indifferentia) » de quelques-uns. Leur zèle ne tarda point sans doute à s’éveiller, car c’est l’évêque qui nomme, déplace et dépose les curés. L’épiscopat voulait que tous, même les plus humbles, donnassent leur obole. L’évêque de Liège, dans le même mandement de 1836, enjoint aux prêtres de son diocèse de frapper à toutes les portes et d’engager les a ouvriers, les cultivateurs et les domestiques » à offrir le denier de la veuve. Dans toutes les églises, des quêtes furent organisées et se font encore chaque année en faveur de l’université de Louvain. Les bénédictions du ciel sont promises à ceux qui donnent. C’est sans doute une belle idée de faire contribuer tous les fidèles, y compris les pauvres et les ignorans, à la fondation d’une grande institution d’enseignement supérieur, destinée à répandre sur tout le pays la saine lumière des hautes études, les plus nécessaires de toutes suivant M. Renan. Seulement on souhaiterait peut-être que moins de contrainte soit employée à obtenir des dons, et l’on pourrait aussi faire observer que, les curés prenant leur cotisation dans leur salaire officiel, c’est l’état qui entretient en partie l’université catholique et fait ainsi avec ses deniers concurrence à ses propres établissemens. La suppression du budget des cultes pourrait seule mettre toutes choses dans l’ordre.

Les évêques n’ouvrirent d’abord que deux facultés à Malines ; ils manquaient de locaux, et ils espéraient bientôt en avoir de magnifiques. En effet, le 31 juillet 1835, le ministre de l’intérieur, M. Rogier, avait déposé un projet de loi sur l’enseignement supérieur, qui ne maintenait que deux universités, celle de Liège et celle de Gand. Dans le courant des débats, M. Rogier proposa même de n’en conserver qu’une seule, afin d’y réunir les meilleurs professeurs dont l’état pourrait s’assurer le concours, et de l’établir à Louvain, pour qu’elle héritât de la renommée dont avait joui autrefois celle du moyen âge; mais les catholiques, qui avaient leur projet arrêté, repoussèrent cette proposition : elle fut rejetée par 39 voix contre 32 ; le projet primitif fut voté.

L’état abandonnant Louvain, les évêques s’empressèrent d’occuper la place restée vacante. Ils firent avec l’autorité communale une convention dans laquelle ils s’engageaient à organiser un enseignement universitaire complet. La ville accordait à l’université la jouissance gratuite de vastes bâtimens que l’état venait de céder à la commune. Celle-ci ne conservait aucun droit d’intervention ou de contrôle dans l’administration de l’université, exclusivement réservée au corps épiscopal. Les cours s’ouvrirent le 1er décembre 1835. L’organisation de l’enseignement était en tout semblable à celle des universités de l’état.

La confiance des évêques n’a pas été déçue ; leur œuvre a été bé-