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lots placés dans les collections de physiologie et d’anatomie, aux archives du musée et à l’université[1]. Espérons qu’à l’avenir il n’en sera plus ainsi, que les savans danois recueilleront les os de leurs pères avec autant d’intérêt que les produits de leur industrie, et que le Musée d’anthropologie scandinave rivalisera dans peu d’années avec ses frères aînés[2].

Le Musée ethnologique, fondé aussi par Thomsen (1851), est placé à côté du précédent, dans le Palais du Prince. Il ne devait primitivement servir qu’à fournir des renseignemens sur la vie et les mœurs des divers peuples modernes; mais, sous la direction de M. Worsaae, grâce au zèle éclairé du conservateur-adjoint, M. Steinhaur, et de M. Valdemar Schmidt, homme d’mi savoir aussi sûr que varié, ce musée a reçu dans ces dernières années une extension considérable. C’est là que l’on a réuni entre autres tous les objets d’antiquité préhistorique provenant des diverses régions étrangères au nord scandinave. Ainsi compris, il fournit déjà, il fournira de plus en plus de précieux élémens de comparaison. Il est très instructif de juxtaposer les œuvres de nations arrivées à peu près au même point de civilisation et de développement. L’unité de la nature humaine se montre alors souvent d’une manière irrécusable. Le temps et la distance n’y font rien, pas plus que la différence des races. Le sauvage de nos jours se sert d’outils qu’on pourrait confondre avec ceux de nos vieux ancêtres, et ceux-ci ont creusé des troncs d’arbre pour en faire des canots tout comme le font encore les tribus restées en dehors du mouvement civilisateur. Parfois la ressemblance est frappante, parfois aussi l’avantage appartient incontestablement à quelques-uns de ces hommes placés de nos jours aux derniers rangs. Jamais canot trouvé sur les bords de la Baltique ou dans la vallée de la Somme n’a certes approché de ceux que fa]3rique le nègre mincopie des îles Andaman.

Les deux musées précédens permettent d’étudier en elle-même et d’une manière comparative l’histoire archéologique du Danemark jusqu’en 1660. Le Musée chronologique des rois conduit le visiteur jusqu’à nos jours. Ce dernier musée est l’aîné de tous; l’origine en remonte à 1648. Il fut fondé dans le château de Rosenborg, construit par Christian IV, et sans doute en vue de conserver ce qui rappelait le plus intimement ce roi resté si populaire. Continuée {{Tiret|de|puis

  1. Ce dernier lot est la propriété personnelle de M. Steenstrup.
  2. Si l’on adoptait cette pensée, il faudrait, bien entendu, réunir toutes les têtes osseuses de diverses races à celles des Danois anciens ou modernes. Copenhague possède déjà quelques élémens très sérieux d’un musée anthropologique. Je citerai en particulier la belle collection de têtes de Groënlandais formée par Eschricht et celle des têtes de Nicobar, qui toutes deux dépendent des galeries d’anatomie.