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UN CONGRÈS INTERNATIONAL.

M. Bruzélius a vu dans cet ensemble de circonstances un moyen de fixer approximativement l’époque de l’ensevelissement du sol primitif. Cette conclusion a soulevé quelques objections. L’association d’objets datant de l’époque de pierre avec ce couteau d’un âge aussi récent a inspiré des doutes à M. Bertrand ; M. Vogt a insisté sur le peu de certitude que présenteraient des résultats chronologiques fondés sur des observations recueillies dans des couches de tourbe que peuvent fort bien traverser, au moins dans certains cas, les objets d’une certaine forme et d’un certain poids ; mais M. Hébert, écartant les circonstances accessoires, a fait observer d’autre part que les bancs de sable arrêtent fort bien les galets. C’est un fait qui ressort journellement d’observations géologiques. Ceux du port d’Ystad ont retenu des boulets de fer et un grand nombre d’autres objets, tous d’une époque relativement récente, tous plus lourds que le couteau à tête de dragon. Celui-ci était donc bien tombé dans la tourbière avant l’accumulation des sables marins. Ainsi la plage d’Ystad s’est abaissée d’au moins 10 pieds dans l’espace de mille années environ. Peut-être reste-t-il à décider si c’est là un phénomène d’ensemble ou bien s’il s’agit d’un accident local comme le pensent MM. Vogt et Desor.

À côté des communications précédentes, qui sont pour ainsi dire de nature mixte, j’aurais à placer en bien plus grand nombre les travaux d’archéologie pure. La plupart joignaient à l’intérêt des faits l’attrait de la démonstration résultant de dessins, de photographies ou de collections recueillions sur place. Le rapprochement de ces données fournies par les contrées les plus diverses en accroissait encore la valeur. On comparait les monumens mégalithiques du midi de la France et de l’Andalousie à ceux du Danemark, à ceux du Westgothland (Suède), où les allées de pierre ont parfois jusqu’à 50 pieds de long. On opposait sans trop de désavantage certains bronzes du Dauphiné et des environs de Lyon à ceux de la Russie et de la Scandinavie, quelques silex taillés du Gard et de l’Hérault aux œuvres admirables des artistes du nord. L’étude des vrais kjœkkenmœddings du Danemark, celle des restes de cuisine découverts aux environs d’Utrecht et dans la Souabe supérieure, faisaient ressortir les caractères distinctifs des faux kjœkkenmœddings de notre Bas-Poitou. Les curieux dessins sculptés sur les rochers de la Suède et de la Norvège réveillaient le souvenir de ceux que nos premiers ancêtres ont gravés sur les ossemens des rennes ou des éléphans, leurs contemporains. La description des citadelles de terre de la Roumanie et du bassin de la Vistule faisait penser aux singulières fortifications de notre pays basque. Les âges du fer, du bronze et de la pierre, représentés par de nombreux spécimens de