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de 5 degrés 1/2 centigrades ; mais il est bien plus vraisemblable de porter cette moyenne à 8 degrés, lorsque l’on considère les essences qui prospéraient alors dans cette région, particulièrement le platane et le cyprès chauve. La moyenne actuelle étant de — 8°,6 centigrades suivant les observations de M. Martins, la différence entre le climat miocène et le climat moderne serait de la degrés au moins, plus probablement de 17, en se plaçant vers le 80e degré de latitude.

Certaines essences méridionales, spécialement les magnolias, étaient dès lors exclues du Spitzberg. Ces essences se montraient dans le Groenland vers le 70e degré, c’est-à-dire dix degrés plus au sud. Les espèces de cette contrée se rapprochaient beaucoup de celles qui habitent maintenant, les États-Unis vers le 40e degré parallèle. Après une étude attentive, M. Heer assigne à cette partie du Groenland miocène une moyenne annuelle de 9°,7 centigrades, qu’il faut, selon nous, relever jusqu’à 12 degrés pour être dans la vérité des faits. La région où les séquoias, les magnolias, les plaqueminiers et les vignes se mêlent aux érables et aux chênes possède au moins cette température dans l’Ohio et la Californie. Le climat présumé de l’Islande à la même époque n’apporte à ces chiffres que bien peu de changemens ; mais on en remarque d’évidens en atteignant le 55e degré, aux environs de Dantzig, où les plantes miocènes abondent dans les terrains qui renferment l’ambre jaune, cette résine fossile qui découlait du tronc des thuyas tertiaires. Ici, l’on rencontre des lauriers, des camphriers, des cannelliers, des lauriers-roses, qui s’avançaient jusqu’à la région baltique, mais jusqu’à présent aucun palmier. Cette végétation diffère peu de celle que nous avons antérieurement signalée auprès de Lyon pour la période pliocène ; elle indique par conséquent la même température de 17 à 18 degrés en moyenne.. La progression calorique est donc parfaitement sensible ; elle mesure un espace de 10 degrés en latitude ou 250 lieues relativement au pliocène ; elle équivaut à près de 400 lieues, si l’on se reporte au quaternaire, elle est au moins de 500 lieues eu égard aux temps actuels. Descendons un peu, plus bas, et nous trouverons des palmiers, dont la limite septentrionale à l’époque miocène coïncidait avec le nord de la Bohême, les provinces rhénanes et la Belgique, c’est-à-dire à peu près avec le 50e parallèle. Nous obtenons par là une moyenne annuelle probable de 20 degrés centigrades pour cette latitude. La température de l’Europe centrale et méridionale dans la même période accuse un caractère tropical, attesté par de nombreux exemples. Elle a été évaluée par M. Heer à 22 degrés centigrades pour la Suisse ; en Provence, elle témoigne de la même élévation, et ne paraît pas s’accroître d’une