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scellera cette alliance, et quel en peut être l’avenir ? Pourra-t-on marcher avec le parlement actuel ? Voila les questions qui s’élèvent pour la Belgique, et qui n’ont d’ailleurs rien de menaçant, qui ne sont que la conséquence de l’évolution ides partis au sein d’une liberté sans limites et sans entraves.


CH. DE MAZADE.




ESSAIS ET NOTICES.

Histoire des sciences médicales, par M. Ch. Daremberg ; 2 vol. in-8o ; Paris 1870.

Il fut un temps où l’étude de la médecine n’était en quelque sorte que de l’histoire. On voyait avec les yeux des Arabes ou des Grecs, on jurait par Hippocrate, par Galien, par Avicenne, sans même les comprendre ; les professeurs étaient des commentateurs. Enseigner d’une manière spéciale l’histoire de la médecine eût été alors un pléonasme. Plus tard, quand l’irrésistible courant des idées modernes commença d’entraîner les écoles, lorsqu’on vit d’illustres praticiens se révolter contre les vieilles autorités et frayer des voies complètement nouvelles, tout ce qui ressemblait à de l’histoire tomba dans un injuste discrédit. On était encore trop près de la médecine ancienne pour la juger avec impartialité ; le champ de l’observation, sur lequel on venait de s’aventurer, était encore trop peu exploré pour qu’on pût établir d’utiles comparaisons ; les besoins étaient si urgens, on avait à regagner un si long temps perdu, que l’on dut courir au plus pressé en laissant reposer la poussière des bibliothèques. Aujourd’hui les choses ont bien changé ; grâce à l’observation directe et à la méthode expérimentale, la médecine a fait de tels progrès, elle est établie sur une base si solide, qu’elle peut sans désavantage regarder en arrière et renouer les deux bouts d’une chaîne depuis longtemps rompue.

À côté de l’intérêt purement spéculatif que peut offrir le tableau du développement continu d’une science, l’histoire de la médecine présente en effet une utilité toute pratique et positive. Les phénomènes organiques et en particulier les manifestations morbides portent visiblement l’empreinte des lieux, des temps, des races, des tempéramens, des saisons, des circonstances de toute sorte ; les maladies les plus simples changent d’aspect, se déguisent, se dérobent et exercent la sagacité du médecin. L’expérience d’une langue série de générations suffit à peine à tracer le tableau complet d’une maladie, et il importe de retrouver dans le passé les diverses formes qu’elle peut affecter, afin d’en établir le diagnostic, d’en assurer le traitement. Cette pathologie comparée devient plus importante à mesure que les vues s’élargissent et que les principes s’élèvent. Pour ne citer qu’un exemple, on a cru longtemps que les fièvres décrites dans les Épidémies d’Hippocrate étaient des fièvres ma-