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Au milieu de nombreux travaux d’un intérêt secondaire, le conseil législatif s’est occupé de la situation des provinces non réglées (non régulation provinces), c’est-à-dire qui ne sont pas encore placées sous les lois générales de l’empire. Quand un pays passe sous la domination britannique, ce qui a lieu le plus souvent par la conquête, le gouvernement ne juge pas à propos de le faire entrer immédiatement dans le rouage compliqué d’une administration qui a été graduellement formée pour répondre aux besoins d’un état social avancé. Pour guérir les plaies de la guerre et rétablir le plus promptement possible l’ordre et la sécurité, il faut un pouvoir plus simple, et dont l’action puisse être plus rapide et plus énergique. Il est composé d’un commissaire en chef qui réside au chef-lieu de la province, d’un nombre de sous-commissaires égal à celui des arrondissemens, et d’autant de commissaires-adjoints que les besoins du service réclament, lesquels sont chargés d’exécuter les ordres de l’autorité supérieure. Les deux tiers du personnel de cette administration appartiennent à l’armée. Les membres des commissariats sont généralement des hommes qui se sont signalés par leurs services. Leur nomination dans une province non réglée est un avantage considérable. Ils peuvent s’y créer de brillantes positions, car l’avancement n’y a plus lieu par ordre d’ancienneté comme dans l’armée ou dans les emplois civils. L’énergie et l’intelligence font à ceux qui en sont doués une place de premier ordre ; il en résulte que ce genre de gouvernement renferme des hommes d’un grand mérite, qui savent imprimer une puissante impulsion aux travaux agricoles et aux entreprises commerciales.


III

Au point de vue de l’administration financière, l’Inde ressemblait à un de ces riches propriétaires qui ne regardent jamais à leurs affaires, ou qui, s’ils y jettent de temps en temps les yeux, le font d’une manière si superficielle qu’ils ne peuvent apprécier l’exacte situation de leur fortune, n’ayant garde, pourvu que leur intendant leur fournisse de quoi subvenir à leurs dépenses, de s’enquérir si l’argent qu’ils touchent est le produit d’un emprunt hypothécaire ou de la location de leurs terres. Aussi une des premières mesures de la couronne fut la nomination d’un ministre des finances, M. Wilson, qui avait acquis en ces matières des connaissances très étendues. Il arrivait à Calcutta en 1859, et, comme préliminaire à la prise de possession de son portefeuille, il fit une tournée semi-officielle du Bengale jusqu’aux provinces supérieures, s’arrêtant dans tous les chefs-lieux de recettes particulières ou générales, et recueillant