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effet l’ordre même qui est adopté dans les sciences plus simples, dans la chimie par exemple, ordre qui consiste à commencer par le plus élémentaire pour remonter au plus complexe. M. Robin place à la base des études biologiques les principes immédiats, qui sont le point de départ de toute organisation, étant aussi les composés les plus simples existant dans l’organisme. Cette division porte le nom de stœchiologie. Vient ensuite l’étude des élémens anatomiques ou élémentologie. Ces élémens, formés par la juxtaposition et le mélange de principes immédiats des trois classes, visibles seulement au microscope et se présentant sous forme de cellules, de fibres et de tubes, sont doués, comme nous l’avons dit, des propriétés vitales élémentaires : nutrition, génération, évolution, contractilité et innervation. A un degré supérieur est placée la science des humeurs ou hygrologie. Les liquides organiques sont en effet formés par la dissolution d’un certain nombre de principes immédiats dans l’eau, et tiennent en suspension des élémens anatomiques. Les tissus, dont l’étude constitue l’histologie, sont plus complexes. Ils proviennent de l’association et de l’enchevêtrement des élémens anatomiques. A l’exception de ceux que l’on appelle produits, ils contiennent tous plusieurs espèces d’élémens anatomiques. L’homœomérologie connaît les systèmes formés par l’assemblage des parties de tissu identique (système osseux, système nerveux). Aux degrés supérieurs vient l’étude des organes, puis celle des appareils. Telle est la gradation méthodique des parties dont l’ensemble fait l’objet de l’anatomie. Si l’on ajoute que ces parties, qui représentent les diverses complications de la matière organisée, peuvent être étudiées non-seulement au point de vue anatomique ou statique proprement dit, mais encore au point de vue physiologique et thérapeutique, c’est-à-dire dans leur fonctionnement et dans leurs rapports avec les milieux, on aura indiqué tout le cadre de la science.

Voilà pour M. Robin et la majorité des biologistes la constitution générale de la biologie ; mais ce système est plutôt un plan et une méthode qu’une doctrine. Nous n’y apprenons ni ce qu’est en soi la vie, ni comment il faut concevoir la succession régulière et l’enchaînement harmonieux des phénomènes, l’appropriation des organes à l’accomplissement d’actions déterminées, la permanence des types, bref, tous les caractères éclatans et singuliers qui donnent aux êtres organisés une physionomie si distincte. Ces questions ont été traitées et résolues par M. Robin avec une dialectique aussi originale que savante.

M. Claude Bernard a écrit un livre très beau[1], dans lequel il

  1. Introduction à la médecine expérimentale, in-8o, 1867.