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Ce sont là de très graves questions, touchant à des prérogatives sur lesquelles il est prudent de ne point trop insister, et dont le temps amènera naturellement la solution. Aussi, pour revenir aux améliorations exclusivement matérielles opérées dans notre système hospitalier, on ne peut nier qu’elles n’aient été considérables, menées avec ensemble, et qu’elles ne constituent en faveur de notre époque un progrès très appréciable. Relativement aux institutions intéressant la généralité des malades, les hôpitaux de Paris sont complétés d’abord par la grande maison d’Ivry, où l’on reçoit les incurables, les infirmes, les vieillards rejetés des services ordinaires, car ils ne laissent espérer aucune chance de guérison, ensuite par l’asile de Vincennes et par celui du Vésinet. La construction de ces deux derniers établissemens fut décidée le 8 mars 1855 par un décret de l’empereur, qui abandonna des terrains appartenant au domaine de la couronne. Ils furent inaugurés, l’un le 31 août 1857, l’autre le 29 septembre 1859, et sont placés tous deux sous le patronage direct de l’impératrice. Le premier recueille les ouvriers convalescens, et le second les ouvrières convalescentes, ce qui permet aux hôpitaux de se débarrasser facilement de leur trop-plein et aux malades de reprendre progressivement des forces avant de retourner au travail. L’assistance publique possède dans le haut du faubourg Saint-Denis un vaste immeuble contenant 350 lits, spécialement construit pour servir de maison de santé[1], et où elle reçoit, moyennant un prix déterminé variant, selon les conditions, de 15 à 4 francs par jour, les malades de classe moyenne qui, n’étant pas en situation de se faire traiter chez eux, reculent devant les salles communes de l’hôpital.

Dans un ordre d’idées qui, pour être plus restreint, n’en est pas moins important, l’administration cherche à mettre, au point de vue du prompt rétablissement des malades, toutes les bonnes chances de son côté. C’est ainsi qu’elle a fait élever dans les jardins de l’hôpital Saint-Louis des baraques en bois destinées au traitement des

  1. La petite bourgeoisie, le monde des employés, celui des artistes et des gens de lettres, connaissent bien cette Maison municipale de santé, qu’on nomme toujours la maison Dubois en souvenir du célèbre chirurgien qui pendant bien longtemps y donna des soins. La maison, créée par arrêté du conseil général des hospices en date du 16 nivôse an X (6 janvier 1802), fut d’abord installée dans l’ancien hospice du nom de Jésus, faubourg Saint-Martin ; en 1810, elle fut transférée dans l’ancienne communauté des sœurs grises du faubourg Saint-Denis. Expropriée deux fois, en 1853 par l’ouverture du boulevard de Strasbourg, en 1855 par le percement du boulevard de Magenta, elle occupe depuis cette époque le numéro 200 du faubourg Saint-Denis. Les dépenses nécessitées par l’acquisition des terrains, la construction, l’ameublement, se sont élevées à la somme de 3,915,312 fr. 41 cent. C’est, sous tous les rapports, une maison de santé modèle bien suéprieure à tous les établissemens particuliers du même genre. C’est là que sont morts Gustave Planche, Henri Murger, Charles Barbara.