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LA
POESIE POPULAIRE
DES MAGYARS

I. Chansons et traditions nationales, par Erdelyyi János, Pesth, 3 vol. 1842-1848, — IL Dr G. Stier, Ungarische sagen und märchen, 1850 ; — III. Recueil universel de chansons nationales, par Gabriel Mátray, Bude 1852, Pesth 1858. — IV. Trésor littéraire, par Irodalmi Kincstar, Pesth 1860. — V. Mythes, traditions et contes populaires magyars, par Majláth János, Pesth 1863. — VI. Chansons populaires magyares-russes, pan Lehóczky Tivadar, 1864. — VII. Chansons et mélodies du peuple magyar, par Szini Károly, Pesth 1865. — VIII. Le Luth populaire, par Greguss Agost, Pesth 1868. — IX. Chroniques du Notaire, de Turóci, de Chartuitius, de Kézai, etc.


I

L’imagination du peuple magyar n’a pas attendu les temps modernes pour se créer une poésie populaire. Malheureusement cette poésie a péri dans sa forme primitive, et il faut se livrer à une étude attentive des vieilles chroniques pour en retrouver les traces. Elle formait une sorte d’épopée nationale divisée en plusieurs cycles. Le point de départ était le cycle d’Attila et de ses Huns, considérés comme les ancêtres du peuple magyar. L’arrivée d’Almos en Transylvanie et la conquête de la Hongrie par son fils Arpád étaient présentées comme une légitime revanche des « fils d’Attila » sur ceux qui avaient anéanti le puissant empire hunnique. La légende de saint Etienne, le premier roi chrétien, le « roi apostolique, » formait le couronnement d’une épopée qui ne manquait pas de grandeur. Il n’est pas difficile d’y reconnaître le tableau idéalisé au point de vue magyar d’une des plus remarquables transformations que l’Europe orientale ait subies.