Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 88.djvu/692

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES
SERVICES DE SANTE
D'UNE ARMEE EN CAMPAGNE

Quand on l’envisage de sang-froid, la guerre, quoiqu’elle donne lieu à des actes héroïques, n’est pas une des manifestations de l’homme qui révèlent le mieux la supériorité de sa nature sur le reste de la création. Les peuples qui se jettent dans la carrière de la guerre montrent par là qu’ils désespèrent des ressources de la sagesse humaine, de la puissance de la vertu et de la justice, de l’autorité des sentimens bienveillans et charitables que la religion et la philosophie, chacune de son côté, maintiennent et propagent parmi les hommes. La guerre en effet accepte pour arbitre la force brutale, qui, par essence, n’a rien de commun avec tout ce que je viens de nommer, la sagesse, la vertu, la justice, la bienveillance, la charité.

Mais la guerre est décidée ; quand ces lignes paraîtront, il est probable que les hostilités auront commencé. Dans de telles circonstances, la grandeur et les destinées de la patrie dépendent de la chance des batailles, et dès lors c’est un devoir pour chacun, quelle que soit sa manière de voir sur le fait de la guerre et sur ses horreurs, non-seulement de souhaiter le succès du drapeau national, mais encore d’y contribuer dans les limites de son pouvoir. Les dissentimens de parti et d’opinion ne doivent plus trouver de place.

J’ai dû donner cours aux pensées qui précèdent avant de livrer au public les observations qui suivent et que je crois conformes à l’intérêt national. Si quelques critiques s’y mêlent, elles ne sortiront pas du cadre tracé par le patriotisme. Bien au contraire elles