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qu’un moyen de vaincre la duplicité du gouvernement chinois, et de l’amener à conclure un nouveau traité plus favorable à nos intérêts et surtout plus explicite que les précédens ; mais c’est à peine si l’on s’apercevait à Pékin de la prise d’une cité provinciale. Il fallait frapper plus près et plus fort pour être entendu dans la capitale de l’empire. Vainement les négociateurs se rendent à Shanghaï dans l’espoir d’y signer un traité qui semble les fuir. Ils y rencontrent des commissaires nommés par le gouvernement impérial ; mais ces agens sont sourds et aveugles. Le bombardement et l’occupation de Canton ne leur ont rien appris ; ils n’ont rien diminué de leurs prétentions, ils conservent la même arrogance, et ne font aucune espèce de concession. C’est seulement en menaçant le gouvernement chinois au siège même de son existence qu’on pouvait espérer d’agir sur son esprit.

L’expédition franco-anglaise reçoit donc l’ordre de se diriger vers le nord. Elle arrive dans le golfe de Pé-tché-li, à l’embouchure du Pei-ho, qui conduit à quelques lieues de Pékin. L’entrée du Pei-ho est défendue par des forts, et la rivière est barrée. Une nombreuse garnison garde ces ouvrages de défense. La cour chinoise, confiante dans ses préparatifs de résistance, persiste à refuser toute satisfaction : il faut enlever les forts. Le 28 mai 1857, la flotte ouvre son feu ; les fortifications, criblées de boulets et d’obus, deviennent intenables, et lorsque, au bout d’une heure, les compagnies de débarquement sont mises à terre, elles enlèvent la place presque sans coup férir. Cet échec n’a pourtant point vaincu la résistance des mandarins de la cour impériale. Il faut encore avancer : on ira jusqu’à Tien-tsin. Cette grande ville est située au tiers du chemin de Pékin, c’est-à-dire à dix lieues de la côte par la route de terre. L’armés et les ambassadeurs s’y rendent ; là seulement, à 40 kilomètres de la capitale, le gouvernement chinois envoie des plénipotentiaires sérieux, et l’on obtient enfin la conclusion d’une convention internationale, connue sous le nom de traité de 1858.

Cet acte diplomatique devait être ratifié solennellement à Pékin, l’une des clauses stipulant l’envoi et la résidence à poste fixe dans cette ville d’un représentant de chacune des deux puissances. En l’acceptant, le gouvernement chinois avait toutefois l’intention de ne jamais l’exécuter, car lorsque ces agens se présentèrent l’année suivante à l’entrée du Pei-ho pour remonter cette rivière et se rendre à Pékin, ces mêmes forts de Takou que les alliés avaient occupés en 1858, et que le gouvernement chinois avait armés de nouveau, reçurent les envoyés de France et d’Angleterre à coups de canon, et les obligèrent à s’éloigner. Cette fois c’était la Chine qui nous