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LA LUMIERE ET LA VIE

I. La Lumière, ses causes et ses effets, par M. Edmond Becquerel, 2 vol., 1868. — II. Travaux et mémoires récens de MM. Cailletet, Bert, Famintzin, Prillieux, Roze, Van Tieghem, 1867-70.

L’être organisé que nous observons à la surface du globe ne subsiste pas seulement par la nourriture qu’il absorbe tantôt sous la forme d’alimens, tantôt sous la forme d’air atmosphérique ; il a besoin aussi de chaleur, d’électricité et de lumière, qui sont comme le ressort intime et vivifiant du monde. Ses organes sont soumis à la double influence d’un milieu interne représenté par les humeurs qui baignent ses tissus, et d’un milieu externe constitué par tous les agens subtils et mobiles qui remplissent l’espace. Cette étroite solidarité des êtres et des milieux où ils sont plongés, trop évidente pour avoir été entièrement méconnue, mais trop complexe pour être analysée par une science rudimentaire, a été soumise de nos jours à un examen pénétrant et méthodique dont les résultats présentent un intérêt considérable. La lumière en particulier joue dans cet ensemble un rôle digne d’être approfondi. Soit que l’on considère l’existence organique à son degré le plus simple et dans son expression la plus infime, soit qu’on l’envisage dans ses fonctions les plus élevées, l’influence de la lumière y apparaît dans des rapports aussi singuliers qu’imprévus. Les belles formes comme les intenses couleurs, les harmonies cachées de la vie comme ses floraisons éclatantes, ont une mystérieuse parenté avec cette vapeur d’or que le soleil projette sur le monde.

À ce point de vue, la science moderne justifie les adorations naïves de l’homme primitif. Elle aide à comprendre le culte dont l’astre