Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 88.djvu/936

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donne par le maïs[1]. On peut donc chercher l’économie, pour la nourriture des chevaux qui travaillent beaucoup, dans l’emploi de grains et de fourrages d’un prix moins élevé que l’avoine et le foin des prairies naturelles ; mais on ne peut arriver à bien entretenir ces animaux qu’en formant une nourriture semblable par sa composition chimique à ces deux alimens. Avec cette condition, toutes les substitutions d’alimens peuvent réussir, car on change les fourrages sans changer pour ainsi dire la nourriture. Le sucre, la glucose, la fécule, sont identiques dans tous les végétaux ; il en est à peu près de même des albuminoïdes et des corps gras. Il faut par conséquent se préoccuper surtout de la composition des alimens qu’on associe, et a cet égard il y a beaucoup de choix sans sortir des denrées très répandues dans le commerce[2]. Les graines des légumineuses et la paille sont les deux alimens extrêmes, les premières par leur richesse en azote, et l’autre par sa richesse en carbone proportionnellement à son azote ; en les mélangeant, on peut constituer une bonne nourriture. Cependant toutes les fois que la paille entre pour une forte proportion dans une ration, elle la rend trop volumineuse, et on ne peut pas la distribuer à des chevaux qui, en raison de leur travail, ont besoin d’être fortement nourris. On remédie à cet inconvénient en remplaçant une certaine quantité de la paille qui serait nécessaire, si on voulait la mêler à la féverole par exemple, par un poids donné d’une graine oléagineuse, soit de chènevis, dont les bons effets pour remettre les chevaux affaiblis sont connus de tous. C’est surtout en réunissant la paille et une petite quantité de graine oléagineuse à de l’orge, à du seigle ou à la féverole, qu’on peut former des mélanges qui, sans être trop volumineux, constituent d’excellentes rations. On peut ainsi nourrir les chevaux avec des grains qu’il est avantageux de faire consommer alors que l’avoine est à un prix très élevé[3].

C’est par l’influence du climat que l’on cherche à expliquer en

  1. Ces prix ont été établis en prenant pour base une même mercuriale. Il est évident qu’ils varient. Nous n’avons voulu qu’établir une comparaison, qui serait plus encore au désavantage de l’avoine, si nous faisions les calculs d’après la mercuriale de ce jour.
  2. 5 kilogrammes de foin des prairies naturelles, qui contiennent 57g 5 d’azote et 1,161 grammes de carbone dans les élémens respiratoires, pourraient, dans plusieurs circonstances, être avantageusement remplacés par 2 kilogrammes de foin de luzerne et 4 kilogrammes de paille. Ce mélange contiendrait 58 grammes d’azote et 1,221 grammes de carbone dans les élémens respiratoires ; 6 kilogrammes de paille et 600 grammes de féveroles renfermeraient aussi la même quantité d’élémens nutritifs que 5 kilogrammes de foin.
  3. Seigle 3 kilogrammes, chènevis 0k50Q et paille hachée 1 kilogramme, ou orge 3k500, chènevis 0k500 et paille hachée 0k500, donnent la même quantité d’élémens nutritifs que 4k 500 d’avoine.