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classés s’élève à 384,000 kilomètres ; mais il fallait en déduire 112,000 kilomètres de chemins déjà construits, et dont il ne restait plus qu’à assurer l’entretien. Sur les 272,000 kilomètres restans, on a réduit à 140,000 kilomètres environ, d’après les avis des conseils électifs de la commune et des départemens, la longueur à construire.

Cette opération préparatoire une fois terminée, on a dû se fixer sur le nombre d’années qui serait nécessaire pour achever le réseau ainsi constitué. Les données recueillies avaient fait concevoir l’espérance d’effectuer les travaux en dix ans ; c’est en conséquence une période décennale que la loi du 11 juillet 1868 a envisagée. La longueur du réseau étant connue et la période d’exécution déterminée, il restait à faire l’évaluation de la dépense. On devait y comprendre d’abord les frais nécessaires pour entretenir les chemins. déjà construits, puis les frais de construction des chemins nouveaux et les frais d’entretien de ces mêmes chemins pendant dix ans[1]. D’après les calculs faits par les agens voyers et contrôlés avec soin par l’administration supérieure, la dépense a été évaluée à 841 millions.

Quelles ressources pouvait-on placer en regard de ce chiffre presque effrayant au premier abord ? Par quel procédé arriverait-on à régler, dans des conditions satisfaisantes, le bilan d’une opération qui exigeait de tels sacrifices ? Les ressources normales qui constituent le budget de la vicinalité pouvaient fournir, défalcation faite des prélèvemens opérés en faveur des autres réseaux et de diverses non-valeurs, une somme de 331 millions en dix ans. On était fondé à compter en outre sur d’autres ressources qui, sans être assurées d’une manière absolue, pouvaient cependant être regardées comme acquises. On admettait que les communes, outre leurs revenus ordinaires ou les centimes affectés à la vicinalité, donneraient, à titre de sacrifices extraordinaires, un contingent de 200 millions. De plus on avait l’espoir que les conseils-généraux, qui avaient déjà fourni tant de preuves de leur sollicitude pour la vicinalité, ne refuseraient pas de venir en aide aux communes par des subventions volontaires. On évaluait à 100 millions le montant des allocations qui seraient accordées sur les budgets départementaux. Enfin l’état a pris à sa charge une autre somme de 100 millions : soit en tout 731 millions. L’écart entre l’évaluation de la dépense et celle des ressources s’est donc trouvé réduit à 100 millions environ ; mais, dans la pensée des auteurs de la loi, cette

  1. Les frais de construction, pour les chemins vicinaux ordinaires, sont évalués à 4 francs 15 centimes par mètre coupant, et les frais d’entretien à 0 franc 14 centimes.